Harraga ou �migration clandestine via la mer � destination d�un des pays de la rive nord de la M�diterran�e n�est pas un ph�nom�ne �tranger � Abdallah Nouadria. Riche de l�exp�rience d�une travers�e qu�il a v�cue durant dix jours en ao�t 2006, Nouadria en a fait une �uvre qui poss�de l�int�r�t des malentendus de ce ph�nom�ne de soci�t�. Dans son livre Annaba- Cagliari, journal d'une travers�e houleuse, cet ancien cadre responsable des travaux publics a tenu le r�le d�un harrag malgr� lui. Il en parle et souligne les dangers que rec�le la mer M�diterran�e pour les harraga. L��crivain n�a pas cach� sa d�sillusion des sens et celle de ses deux compagnons, Ch�rif, le m�canicien, et Ali le propri�taire du bateau Omar. C�est une embarcation de 9 m�tres nantie d�un GPS manuel, cartes g�ographiques, la r�gle et la boussole de secours. Dans ce livre, chaque trait de plume consolide la vraisemblance de la travers�e et d�tourne l�attention du monde terrestre au profit de la grande bleue entre Annaba El-Kala (Alg�rie), Tabarka (Tunisie) et Cagliari (Italie). Quatre �tapes v�cues en dix jours derri�re lesquelles appara�t l�humanit� des trois personnages dans divers �v�nements. Le moteur qui l�che pour cause d�avaries multiples, l�errance durant des jours sur les flots de la grande bleue, les provisions et l�eau qui s��puisent, le sentiment des trois passagers d��tre abandonn�s, livr�s � la mort et de ne plus rien esp�rer, puis le sauvetage. Dans Annaba- Cagliari, il est excitant de voir qu�un ancien responsable des infrastructures publiques a su sans abdiquer sa rigueur de terrien transformer sa vie l�espace de quelques jours. Chaque page de l��uvre touche une zone diff�rente des c�tes nord et sud de la M�diterran�e, l�ve le voile sur ce qu�endurent les harraga avant, pour la plupart, de sombrer dans les profondeurs de la M�diterran�e. L�auteur parle aussi du contact humain en mer entre gens de la mer, des limites du raisonnable et de l�insens�, de la volupt� complice induite par l�aventure de l�ironie � l�avenant dans le pessimisme de ses compagnons de la �hargua�. En reprenant au degr� pr�s le cap que prennent les barques des harraga, Nouadria a voulu vivre le d�sespoir de nos jeunes qui, inconscients des dangers de la mer et croyant au miracle de l�autre c�t�, tentent l�aventure de l��migration clandestine. Et comme pour leur dire qu�ici c�est plus beau et plus vivable qu�ailleurs, Abdallah Nouadria leur offre les beaut�s de Annaba et d�El Kala qui, dira-t-il, �tout autant que Cagliari, renferment un patrimoine culturel et historique ind�niable qui contribue aux besoins incontournables du tourisme d�aujourd�hui�.