Qui peut contester que l��conomie alg�rienne est toujours en attente d�un projet qui puisse la sortir des politiques conjoncturelles contra ou procycliques, certes n�cessaires pour r�parer des �pannes� mais, bien entendu, totalement insuffisantes pour remettre l��conomie sur un sentier de croissance robuste et durable. Les d�bats actuels sur les questions de savoir s�il faut un fonds souverain ou pas ou encore celle de privatiser ou pas les banques publiques ont peu d�int�r�t tant que l�on n�a pas une id�e claire de ce que l�on veut faire de l��conomie alg�rienne. Nous l�avons maintes fois �crit : l��conomie alg�rienne a besoin de politiques structurelles adoss�es � une ambition clairement affich�e. La conjoncture financi�re actuelle favorable, s�il en est, doit �tre s�rieusement mise � profit pour aller � l��laboration de ce projet, de ces politiques structurelles. S�rieusement construits et clairement affich�s, ce projet et ces politiques structurelles remobiliseront, � n�en point douter, les Alg�riens, feront r�ver notre jeunesse, lui fixeront un cap et donneront un sens � ce combat qu�elle attend toujours de mener pour l�essor de son pays. La construction du projet �conomique pour l�Alg�rie exige l�ouverture de quatre chantiers. Il faut bien comprendre que ces quatre chantiers sont des chantiers pivots � partir desquels tous les autres secteurs sont interpell�s. 1/ Les hydrocarbures : il est grand temps que l�on puisse d�finir la place et le statut des hydrocarbures dans l��conomie. Deux objectifs qu�il faut rendre compatibles sont � poursuivre : A) Financer la r�alisation de la nouvelle strat�gie �conomique Il faut pour cela : a) d�finir cette nouvelle strat�gie �conomique b) d�duire les besoins en ressources financi�res � mobiliser d) d�terminer la place du curseur de production et d�exportations des hydrocarbures. B) D�terminer nos besoins �nerg�tiques sur le long terme et en d�duire une politique de pr�servation de l��nergie fossile et de d�veloppement des �nergies renouvelables. 2/ Le second chantier d��laboration du projet concerne la n�cessit� de renouer avec notre ambition industrielle Quelle strat�gie industrielle mettre en �uvre en sachant qu�elle devra se r�aliser dans un contexte totalement diff�rent de celui des ann�es 1970. Mondialisation lib�rale, ouverture et comp�titivit� tracent aujourd�hui le cadre contraignant dans lequel nous devons penser notre nouvelle politique industrielle. Quels objectifs � poursuivre et sous quelles nouvelles contraintes nationales et mondiales ? La question n�est pas simple et demande une r�flexion profonde et lourde. Surtout que l�avenir de l�Alg�rie se joue dans l�industrie : refaire les erreurs d�une insuffisante r�flexion en �conomie industrielle, ne pas tenir compte des �volutions que vit l�industrie mondiale et du rythme rapide de ces �volutions, c�est forc�ment aller une nouvelle fois dans le mur. Notons, par exemple, les liens entre le chantier I et le chantier II et l�imp�rieuse n�cessit� de lier la politique des hydrocarbures, dont nous avons rappel� les deux principales articulations, � la politique industrielle � mettre en �uvre. Tant du point de vue des ressources financi�res � mobiliser que de celui des besoins en �nergie � satisfaire, l�industrie sollicite le secteur des hydrocarbures. A quels niveaux ? La politique �nerg�tique a besoin de conna�tre la strat�gie industrielle envisag�e. C/ Le d�fi de la s�curit� agroalimentaire Quelle politique agricole � d�velopper pour am�liorer la production agroalimentaire nationale ou au moins am�liorer l��quilibre de la balance agricole de notre pays. Comment mettre en �uvre la r�volution agricole que notre pays attend toujours ? Nous retrouvons ici un autre lien � respecter dans la d�marche globale : quelle industrie pour quelle agriculture ? Peut-on �laborer une strat�gie industrielle sans conna�tre la strat�gie agricole ? Or, la loi d�orientation agricole vient d��tre adopt�e par le Parlement alors que la strat�gie industrielle a �t� �labor�e, voil� bient�t deux ans ! Il serait curieux de tester la coh�rence de l�une par rapport aux objectifs poursuivis par l�autre ! Ainsi, il y a l� au moins trois secteurs strat�giques, d�j� en eux-m�mes, mais plus d�cisifs encore dans leurs inter-relations : il n�est pas possible de poursuivre sur les d�marches sectorielles actuelles, d�connect�es les unes des autres. Un travail de mise en coh�rence est indispensable. Et ce travail est urgent. 4/ Le quatri�me chantier � ouvrir est d�cisif lorsqu�on veut penser l�apr�s-p�trole : Les �conomies d�velopp�es qui m�nent le processus de mondialisation sont aujourd�hui sur un nouveau paradigme de croissance : l��conomie fond�e sur la connaissance. La comp�titivit�, la performance �conomique reposent de plus en plus sur la connaissance, le savoir, le savoir-faire et non pas seulement sur le capital et le travail. L�immat�riel est aujourd�hui un facteur de production strat�gique. L�Alg�rie doit faire sien ce nouveau paradigme. Syst�me �ducatif et de formation, technologies de l�information et de la communication, innovation et recherche, climat des affaires : c�est l� que se jouent nos chances d�int�grer par le haut la mondialisation de l��conomie et de tirer profit de la densification des �changes �conomiques internationaux. Pour terminer ce bref �rafra�chissement de m�moire� de nos plans de relance I et II : oui pour rattraper le d�ficit d��quipement du pays. Mais c�est tout ! Nous avons besoin, pour sortir de l�orni�re, d�un projet �conomique d�envergure dont nous avons rappel� les principaux piliers : Energie, industrie, agriculture, EFC. Quand aborderons-nous enfin ces dossiers importants ? Non pas dans une seule d�marche sectorielle mais dans leurs relations �troites et dans un souci de mise en coh�rence globale. Les institutions cr��es pour ce travail existent, les comp�tences aussi. A chaque chantier sa �task force�. Avouons que face � l�ampleur de la t�che et surtout le poids des enjeux pour l�avenir de notre �conomie, il est bien difficile de comprendre l�immobilisme actuel. Et les effets d�annonce ne pourront jamais remplacer le travail r�el, effectif qui attend d��tre men�. Quelle meilleure conjoncture �conomique et financi�re que celle que nous vivons actuellement pour ouvrir ces vrais chantiers de construction de l�Alg�rie de 2020 ?