Ne faisant plus partie des r�alit�s officiellement admises, la torture continue en v�rit� � �tre pratiqu�e en Alg�rie. C�est, du moins, ce qu�atteste la Ligue alg�rienne de d�fense des droits de l�homme (LADDH), dont le pr�sident et le pr�sident d�honneur, Mes Mustapha Bouchachi et Ali Yahia Abdenour, ont anim� conjointement hier un point de presse � Alger. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Me Bouchachi, qui a offici� en tant que conf�rencier en chef, a �t� affirmatif : �Ce ne sont pas des actes isol�s, comme pr�tendu. La torture est bel et bien une pratique g�n�rale. � L�avocat, qui n�ignore pas le droit, a soutenu que cette pratique, r�pandue dans les commissariats de police, est favoris�e par un code de proc�dure p�nale qui ne prot�ge pas le justiciable. En sa qualit� de pr�sident de la LADDH, il sait pertinemment de quoi il parle. �Durant les deux derniers mois, nous avons enregistr� une dizaine de plaintes de citoyens victimes de tortures dans les commissariats de police.� L�orateur a d�plor� que les victimes ne saisissent pas les tribunaux. Il comprend que c�est la peur des repr�sailles qui les retient d�engager des actions en justice contre leurs tortionnaires. Mais il n�y a pas que cela : la flegmatique attitude des procureurs devant des affirmations � la barre de tortur�s. �Il y a eu des affirmations devant le juge ; des citoyens qui ont affirm� avoir fait l�objet de tortures. Les procureurs ne se sont jamais saisis pour ordonner l�ouverture d�enqu�tes.� Me Bouchachi a plaid� la r�vision du code de proc�dure p�nale, dans le sens d�une meilleure protection des citoyens. Ceci sur la tr�s sensible question de la torture. Cependant, l�actualit� nationale, faite de conflits sociaux et d�arbitraires professionnels, n�a pas laiss� indiff�rent le militant des droits de l�homme. La situation des enseignants contractuels gr�vistes de la faim, plus imm�diatement. Le conf�rencier a consid�r� que ce que subissent les enseignants contractuels est contraire � la loi. Il a d�nonc� l�attitude de la tutelle qu�il a qualifi�e de m�prisante envers les gr�vistes de la faim et l�ensemble du corps enseignant contractuel. �C�est le m�pris total. Aucun responsable du minist�re de l�Education n�est venu les voir et s�entretenir avec eux.� Le conf�rencier a rappel� que parmi ces contractuels, certains cumulent 14 ann�es d�exercice. �Comment se fait-il qu�un Etat qui s�engage � recruter 10 000 policiers, se d�clare incapable de r�gulariser la situation de 40 000 enseignants ? � Me Bouchachi est convaincu que c�est l� l'expression d�un Etat de non-droit. Il a voulu pour preuve suppl�mentaire la situation de ce magistrat, Ali Chemloul, qui a eu maille � partir avec le minist�re de la Justice en 2002 et qui reste � ce jour victime d�un arbitraire. En effet, le magistrat, suspendu de ses fonctions, a recouru au Conseil d�Etat qui a statu� en faveur de sa r�int�gration. Le ministre de la Justice fait et continue � faire fi de ce jugement rendu. Cela dure depuis 4 ann�es. Me Bouchachi a, par ailleurs, d�nonc� la loi sur l�entr�e et le s�jour des �trangers dans notre pays. Il a estim� que cette loi est une atteinte aux libert�s consacr�es par les textes et conventions internationaux. Pour sa part, Me Ali Yahia Abdenour est revenu sur la question des droits de l�homme dans son rapport � la politique. Le dernier discours de Bouteflika lui a inspir� une critique bien ajust�e. �Quand on �choue, on d�missionne�, a-t-il affirm�. Selon lui, l�Alg�rie est dans la situation de la fin des ann�es 70, lorsque Boumediene, malade, a laiss� la succession ouverte.