Vous avez entendu, lu, les discours de Barack Obama pendant la campagne qui l'a men� � la pr�sidence des Etats-Unis ? Vous avez �t� frapp� par le m�lange de simplicit� et de profondeur, d'humilit� et de d�termination, d'audace et de maturit� ? Eh bien, il faut savoir que le speechwriter, le collaborateur qui lui �crit ses discours les plus importants, n'a que 26 ans d'�ge. Oui, vous avez bien lu : 26 ans ! Il s'appelle Jon Favreau. Il est issu de l'universit� catholique Holy Cross, � Worcester (Massachusetts). Il est � la t�te d'un trio de r�dacteurs de discours dont le plus �g� vient d'avoir 30 ans. Dans la d�valuation du discours politique, il tranche par cette vision aigu� du changement, la connaissance des attentes am�ricaines � un moment de basculement, le doigt� avec lequel la question pi�g�e de la crise financi�re est abord�e... Le courage n'attend pas le nombre des ann�es ? Le talent, non plus, surtout ! Cela �tant dit, le talent d'Obama, ce n'est pas seulement sa plume. C'est lui-m�me, le talent, de la t�te au pied ! Tout le monde, � commencer par ses propres adversaires, reconnaissent un charisme et une aisance hors du commun. Bush avait des �clairs dans les yeux en annon�ant son plaisir, en janvier, � remettre au nouveau pr�sident les cl�s de la Maison Blanche. John McCain, le malheureux vaincu, s'incline, et c'est une premi�re, devant le fait qu'Obama soit l'incarnation du changement dont l'Am�rique a besoin. Pour le reste, il n'y a rien � ajouter : moment historique, s�isme de top magnitude dans les t�tes des conservateurs, effet d'entra�nement dans le monde... A ce propos, un jeune journaliste fran�ais favorable � Obama s'avouait d�concert� qu'on �lise �un pr�sident noir aux Etats-Unis alors qu'en France, on se demande encore si un journaliste de couleur au journal de 20 heures � la t�l� n'est pas une audace suicidaire�. Heureusement qu'il y a les jeunes !... Il semble que, en Alg�rie, on consid�re Obama comme pro-isra�lien donc, et par d�duction, comme anti-palestinien. Qu'est-ce qui pourrait conduire � de tels raccourcis ? A peine proclam� candidat d�mocrate, Barack Obama a prononc� son premier discours, mercredi 4 juin, devant l'Am�rican Isra�l Affairs Council (Aipac) consacr� � la politique �trang�re. Il �tait d�j� la cible de nombreuses attaques diabolisantes sur sa volont� pr�sum�e de n�gocier avec le Hamas et l'Iran. Par cons�quent, est-il �tonnant qu'il soutienne que �J�rusalem devra rester la capitale d'Isra�l et devra demeurer indivisible� ? Pour qui conna�t un chou�a la sociologie �lectorale des Etats-Unis, proclamer le contraire par un candidat � la pr�sidence �quivaut � un suicide en direct et en public. On voit mal, en effet, un candidat noir, portant le deuxi�me pr�nom, musulman, de Hussein, d�j� accus� d'islamisme, voire de terrorisme par ses adversaires pr�ts � tout pour lui barrer le chemin, affirmer tout � trac : �Je suis tr�s attach� � la s�curit� des Palestiniens et jamais, moi pr�sident des Etats-Unis, J�rusalem ne sera la capitale d'Isra�l�? C'est se faire hara-kiri d�finitivement. L'audace de Barack Obama, m�me dans ce r�duit �lectoraliste destin� � ne pas effrayer l'�lectorat juif am�ricain, est tout de m�me d'avoir cit� les Palestiniens dans la d�claration. Il recommandait une consultation avec les Palestiniens et, en cela, il est all� plus loin qu'aucun candidat � la pr�sidence am�ricaine et m�me qu'aucun pr�sident am�ricain. Une campagne �lectorale est une chose et la politique men�e une fois �lu en est une autre. L'id�al, inexistant en politique, c'est que l'autre soit la juxtaposition de l'une. Mais les deux �tapes n'ob�issent pas aux m�mes r�gles. La premi�re laisse �clore le discours comme moyen de conqu�te du pouvoir et la seconde phase consiste en la mise en �uvre d'une politique, donc de la transformation d'un r�el au milieu de pressions contradictoires. Par ce qu'il est, par la fa�on dont s'est construite sa vision du monde, Barack Obama ne peut �tre soup�onn� de se ranger du c�t� des forces de l'injustice, sauf � avoir tout faux. Le but de Barack Obama est de r�former les Etats- Unis. Et, pour cela, suppute le J�rusalem Post du 7 novembre, il a besoin de soutien au Congr�s. �La constitution de coalition, ajoute Earl Lerman, directeur de l'antenne Isra�l Moyen Orient de l'Amercian Jewish Committee, est b�n�fique pour Isra�l car Tel Aviv compte au Capitole Hill de nombreux amis qui ont de la suite dans les id�es.� D'Isra�l, on redoute d�j� que, � la logique de la menace contre l'Iran pr�con�ue par Bush, Barack Obama ne substitue celle du dialogue. Il est raisonnable, plut�t que de fermer son appr�ciation sur le jugement de propos prononc�s en campagne �lectorale, de juger sur pi�ce sa politique au Moyen-Orient comme ailleurs dans le monde. On sait d'ores et d�j� que cette politique se basera sur la normalisation des rapports des Etats-Unis avec le reste du monde au d�triment de l'h�g�monisme bushien agressif � l'�gard de la communaut� internationale. Mais si Barack Obama n'est pas George Bush, s'il en est m�me le contraire absolu, les Etats-Unis restent les Etats-Unis. Elles sont une puissance p�n�tr�e de sa force. Il faut sans doute beaucoup de temps et de changements majeurs pour faire comprendre � cette Am�rique que la voie suivie singuli�rement pendant les deux mandats de Bush m�ne dans le mur. S�il est une star, Obama n'est pas un messie. Quand bien m�me il l'aurait �t�, de quel pouvoir un messie dispose-t- il face � des dossiers politiques ?