�D�j� 1 000 meetings �, titrait El Moudjahid du 29 mars 2004 � propos de la campagne pr�sidentielle. Ce fut une campagne tambour battant o� les candidats ne s��taient fait aucun cadeau. Passons sur les incidents parfois violents qui l�avaient �maill�e. Retenons, cependant, qu�il y avait un enjeu, des projets de soci�t� port�s par les diff�rents candidats � Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis, Sa�d Sadi, Abdellah Djaballah� Il y avait une participation populaire aux diff�rents meetings, meetings ouverts librement au public, un d�bat contradictoire entre les candidats ; en bref, il y avait un certain suspense, puisqu�� l��poque, la presse �voquait l��ventualit� d�un second tour devant opposer Abdelaziz Bouteflika � son ancien Premier ministre, Ali Benflis. Et, en d�pit de tout, de la partialit� des m�dias lourds en faveur du candidat Bouteflika, il y avait une libert� de ton ! De ce fait, dans le Maghreb et le monde arabe, l�Alg�rie faisait exception. Les r�gimes arabes appr�ciaient peu ce qui se passait en Alg�rie, ils n�appr�ciaient pas que le pluralisme politique, la libert� d�expression et de conscience, la la�cit�, le rapport du religieux au politique, le statut de la femme aient �t� des th�mes du d�bat �lectoral et politique. En avril 2009, la donne est tout autre : il y a eu moins de 300 meetings si l�on consid�re que chaque candidat a tenu 40 meetings. La campagne s�est d�roul�e sans incident majeur, sans attentat � Alger et dans les grandes villes, et ce, en d�pit d�une menace terroriste bien r�elle. Une campagne, bien tranquille, marqu�e par l�absence de d�bats contradictoires, de projets de soci�t�, d�adversaires de poids, avec des candidats pratiquement inconnus du grand public � la seule exception de Louisa Hanoune et, bien s�r, d�Abdelaziz Bouteflika, candidat omnipr�sent par l�image dans tout le pays. Une campagne bien tranquille, � sens unique, o� les meetings du pr�sidentcandidat n��taient pas ouverts au public puisque n�y ont pris part que ceux munis d�une invitation. Une campagne o�, ce fut le seul b�mol, les partisans du boycott ont tout de m�me r�ussi � faire entendre un autre son de cloche, et o� le seul et vrai enjeu reste la participation. Selon son staff, cit� par certains journaux, le chef de l�Etat veut un taux de participation sup�rieur � celui r�alis� en 2004 ! Ne se faisant aucun souci quant � sa r��lection, Abdelaziz Bouteflika, qui s�est m�me permis d�inciter les Alg�riens � voter pour ses adversaires, a ax� sa campagne sur la r�conciliation nationale et l�amnistie aux islamistes arm�s. Autrement dit, en se positionnant dans l�apr�s-9 avril, axant sa campagne sur l��ventualit� d�un r�f�rendum au cas o� les groupes islamistes arm�s r�pondraient � son offre d�amnistie, Abdelaziz Bouteflika a men� une campagne �lectorale pour la forme, pour satisfaire une exigence impos�e par la Constitution. C�est en cela que la campagne pr�sidentielle de 2009 se singularise par rapport � celle de 2004 ! Quel que soit le nombre de votants, et � supposer qu�il y ait une r�elle participation, le scrutin pr�sidentiel de 2009 constituera un tournant. Car ce scrutin s�inscrit dans le processus de normalisation de l�Alg�rie entam� en 1999. D�abord en mettant fin � la limitation des mandats pr�sidentiels et, par voie de cons�quence, � l�alternance politique, y compris sans doute au sein m�me de ce syst�me. Ensuite, l�Alg�rie, qui faisait figure d�exception dans le monde arabe, va d�sormais rentrer dans le rang, sans doute � la satisfaction de tous ces dirigeants arabes au pouvoir depuis des d�cennies. Quant aux d�mocrates, toujours aussi divis�s, incapables de rebondir quand la situation le n�cessite, leur probl�me r�side dans le fait qu�ils ne disposent d�aucune strat�gie alternative r�fl�chie. Ils sont dans une situation d�impr�paration politique en cas de crise majeure. Et de ce fait, il est permis de penser que ce syst�me imposera sans forcer ses solutions.