Qui d�entre nous n�a pas r�v� un jour de faire une balade au c�ur de La Casbah sur les vestiges de ce site class� patrimoine mondial de l�humanit� depuis 1992 ? R�ve vite abandonn� devant des appr�hensions du genre s�curitaire ou autres : �Y serai-je en s�curit� ?� ; �trouverai-je un guide ?� ; �je n�ai pas envie d�y aller seul !� D�sormais, il est possible de visiter la vieille m�dina en groupe, en couple ou entre amis gr�ce � l�initiative de certaines agences de voyages, qui offrent � leurs clients, des formules int�ressantes et � des tarifs abordables. Mili Voyages (Didouche- Mourad) a inscrit dans son programme des visites dans les mus�es, ruines romaines et au c�ur de La Casbah d�Alger. �Il s�agit surtout de touristes, dont des pieds-noirs�, nous r�v�le Mme Mili, la responsable de cette agence. �Concernant le circuit � La Casbah, la demande est tr�s forte aussi bien de la part des nationaux que des touristes. Le hic, c�est qu�on a du mal � d�nicher un guide touristique professionnel. Tout le monde s'improvise accompagnateur avec des tarifs exorbitants : 40 euros par personne !� All ways Travel (Dely-Ibrahim) est une agence de voyage g�r�e par deux fr�res, Racim et Raouf Mahboub. Un jour, ils ont eu l�id�e de proposer un circuit au c�ur de La Casbah sur Facebook. �Nous avons re�u un raz-de-mar�e de personnes int�ress�es par cette formule�, raconte Racim. �Et c�est comme �a que l�aventure a commenc� !� Depuis d�but mars 2009, cette agence organise des visites guid�es � La Casbah, tous les samedis et jeudis (2 500 DA la journ�e avec transport et d�jeuner inclus). Une balade culturelle Nous avons d�cid� de nous joindre � l�une de ces sorties, programm�e un samedi. Un petit bus nous d�pose pr�s de la maison du centenaire (Haute Casbah), point de d�part de cette balade culturelle. Dans le groupe, compos� ce matin d�une vingtaine de personnes, il y a les cadres d�une banque �trang�re install�e en Alg�rie, un couple originaire de la Guadeloupe, des retrait�s fran�ais� En pr�vision de la longue marche qui nous attend, nous avons tous chauss� des baskets. A 10h30, le groupe s��branle. Un policier en civil ferme la marche. Nous marquons une premi�re pause chez un artisan dinandier en plein travail, puis d�boulons par la mosqu�e de Sidi Ramdane, construite il y a 11 si�cles. Dans la foul�e, nous saluons Abdelkader Boussoufa, le patriarche de La Casbah (81 ans), qui prend le frais assis sur une chaise sur le seuil de sa maison. Puis, nous traversons Zenket el-chitane (la ruelle du diable) sans un petit frisson dans le dos, tout en �coutant les informations de Abderrahim Tis, notre guide : �Il y a 496 marches depuis la maison du centenaire jusqu�au port d�Alger, dont 2 ont �t� supprim�es !� La visite du palais de Khdawedj el a�miya provoque une grande excitation perceptible chez tous les membres du groupe. Certains s�attendent � voir la chambre de cette princesse. D�autres pensent d�couvrir le fameux miroir qui, selon la l�gende, �tait � l�origine de la c�cit� de la belle Khdawedj. Mais le guide de ce mus�e (des arts et traditions populaires) temp�re les ardeurs : �D�sol� de briser votre r�ve. L�administration coloniale a tout embarqu� dans ses malles !� Ensuite, c�est au tour du mus�e de la miniature de nous ouvrir ses portes. La guide de cette structure nous en dresse l�historique. �C��tait la demeure de Mustapha Pacha. Admirez les fa�ences de delft. Remarquez les dessins des bateaux qui ornent ces carreaux. Aucun ne ressemble � l�autre et pourtant il y en a des centaines !� Halte au mausol�e de Sidi Abderrahmane Sur place, nous apprenons que des tunnels menant jusqu�� Djama� Ketchawa et m�me jusqu�au port d�Alger existent dans les entrailles de ce palais ottoman. �Comme le dey Mustapha Pacha se savait menac� de mort, il empruntait ce tunnel souterrain pour ses d�placements�, indique le guide de All ways travel, M. Tis. A la rue Bencheneb, nous sommes invit�s � visiter la c�l�bre medersa d�Alger de style n�omauresque. A l�int�rieur, le portrait de Mohamed Bencheneb orne les murs. Halte ensuite au mausol�e de Sidi Abderahmane, le saint patron d�Alger (1387-1471). Il faut se d�chausser avant de p�n�trer dans cet havre de paix et de s�r�nit�. Des cierges sont allum�s. De nombreux lustres pendent au plafond. �Celui-ci a �t� offert par la reine Victoria. Elle �tait venue implorer le saint patron d�Alger de lui donner une descendance. Une fois enceinte, elle a envoy� ce cadeau en signe de reconnaissance.� Nacim Mahboub, notre accompagnateur, sonne le rappel des troupes. �Vite, vite, il y a encore plein de choses � voir. Je ne sais pas pour vous mais, moi, j�ai d�j� l'estomac dans les talons !� La balade se poursuit dans une ambiance bon enfant. Prochaine escale : la mosqu�e Ketchawa. Ferm�e actuellement pour travaux, nous n�en verrons que la fa�ade ext�rieure. Nous apprendrons, entre autres, que la premi�re pri�re apr�s l�ind�pendance y fut c�l�br�e le 2 novembre 1962. Il est pr�s de 13h. Nos estomacs crient famine. �Je sens que les sardines qu�on va nous servir auront le go�t du caviar tellement j'ai la dalle�, lance une jeune fille. Direction la p�cherie. Un restaurant dont le plafond est en vo�te nous accueille. De longues tables ont �t� dress�es. L�ambiance est conviviale. Au menu : hors d��uvre, sardines grill�es, frites et gazouza. Les membres du groupe en profitent pour faire plus ample connaissance. Plaisanteries, anecdotes et fous-rires emplissent la salle. Apr�s un petit th� � la mente, la visite reprend. Le palais des Ra�s (Bastion 23) nous ouvre les bras. Le rempart, pieds dans l'eau, nous captive. Cheveux au vent, visage au soleil, on a du mal � d�tacher nos yeux de la grande bleue. On a envie de prendre racine, de se laisser bercer par le bruit des vagues. �Je ferai bien un petit somme ici�, l�che la Guadeloup�enne. Mais Racim rappelle tout le monde � l�ordre. �Finissez de prendre vos photos et continuons la visite. Il ne faut surtout pas rater les maisons des p�cheurs et le bain romain !� L�apr�s-midi est bien entam�e lorsque nous rejoignons le bus pour le dernier circuit : l'�glise de Notre Dame d�Afrique. La vue surplombant toute la baie d�Alger nous laisse sans voix. A la fin de cette journ�e, on �change nos impressions. Une jeune �tudiante alg�rienne r�sidant en France nous dira : �Cela faisait si longtemps que j�avais envie de d�couvrir cette vieille cit�. Je ne regrette pas d��tre venue.� Quant � cette jeune Alg�roise de 28 ans, elle nous confiera : �Lorsque je voyais des touristes �trangers venir d�couvrir La Casbah, j�avais honte de ne pas la conna�tre, moi qui habite � deux pas !� Ce voyage dans l�histoire de notre beau pays s�ach�ve avec une pointe de regret. Une page culturelle et amicale vient de s��crire entre tous les membres de ce groupe improvis�. Des initiatives pareilles doivent se renouveler. Sabrinal