Alors que nous nous trouvions toujours � le pied-noir, le terroriste et moi-m�me � dans la cave du sinistre ma�tre des monts Kunlun, l��mergence d�un mouvement appel� �Arouchs jaunes� inqui�tait les autorit�s� Par Ma�mar FARAH [email protected] Un dossier de plus pour le gouvernement ! Avec l��pineuse question de la p�nurie de dentifrice et l�affaire de Cheb Zwit Rwit � qui doit se pr�senter devant la justice fran�aise en juillet �, en plus du probl�me �pineux d�un certain Bedjaoui que l�Etat renie apr�s qu�il eut �t� l�un de ses fid�les serviteurs (Bedjaoui aurait pu l�emporter dans son combat contre un Egyptien pour le poste de gardien de but de la s�lection africaine aux prochains championnats intercontinents), le gouvernement de Belkhadouyahi devait faire face � la cr�ation des �Arouchs jaunes� ! Les dirigeants croyaient s��tre d�barrass�s de ces g�neurs d�une autre �poque qui s�vissaient avant la �grande harba�, mais voil� que les Chinois s�en inspirent pour installer un mouvement populaire de protestation au centre du pays. Cette renaissance est due � un certain Brik Brik Ah (et pas le c�l�bre Benbrik d�un territoire voisin). En �tudiant l�histoire de la r�gion, et notamment le c�l�bre ouvrage de Da Sma�l, intitul� : De la grande marche du 14 juin � la d�confiture des Jaunes et Verts, M. Brik Brik Ah, descendant d�une riche famille de n�gociants en abricots s�ch�s de la r�gion de Shanghai, avait compris � tout comme le c�l�bre Habib Khali Nez Rouge �, que des particules d�un genre� particulier couraient dans tous les sens dans l�air suppos� pur des montagnes de Kabylie. Baptis�s �virus 20-04-80�, ces mol�cules avaient le don de transformer tout �tre normal, et m�me un �b�ni-oui-oui� de la pire esp�ce, en un r�volt�, en un gars capable de sortir dans la rue pour narguer les forces de l�ordre. Mais pas pour exiger la r�alisation d�un dos d��ne dans son douar ou pour demander d��tre inscrit sur la liste des b�n�ficiaires de logements de sa commune, non ! Ces sorties n��taient pas celles des gens touch�s par ce type de virus ! Le gars qui en est atteint sort dans la rue pour exiger la libert�, la d�mocratie, la justice, l��galit�, etc. Tant de choses qui irritaient au plus haut point les dirigeants. Et d�ailleurs, on dit que les 35 millions d�Alg�riens qui ont pris le chemin des mers le 23 mars en avaient marre d�attendre que la libert�, la d�mocratie, la justice et l��galit� daignent un jour descendre de leur tour d�ivoire pour devenir leurs compagnons de tous les jours. La question des �Arouchs jaunes� embarrassait au plus haut point le gouvernement dirig� par Belkhadouyahi. Of course, tous les regards se tourn�rent vers Habib Khali Nez Rouge qui fut, une nouvelle fois, tir� de sa retraite dor�e de Sidi Abdallah. Arriv� au si�ge du comit� �S214�, il fut surpris de voir la fa�ade du b�timent officiel couverte du portrait immense, gigantesque, impressionnant du grand leader respect� et bien-aim�. Non, ce n��tait pas celui de Belkhadouyahi, celui-l�, on ne le voyait jamais sur les photos placard�es dans les rues. Depuis quelque temps, les Chinois �taient intrigu�s par l�apparition de ces photos aussi grandes qu�un immeuble de 8 �tages ! Ils se disaient, entre eux, que c��tait plus fort que tout ce qui a �t� fait chez eux du temps de Mao Zitoun ! Mais nos officiels, si prompts � r�agir aux critiques qui touchent � l�image du grand guide supr�me, r�torquaient : �Oui, mais chez nous, il n�y a pas de statue�. Ces pauvres gars ne savaient pas que, dans la t�te riche en imagination de Habib Khali Nez Rouge, germait une id�e machiav�lique. Il �tait dans un autre comit� appel� : �SDC� (Survie Du Clan) qui planchait sur la question de la succession du guide de la r�volution. Ayant longtemps v�cu dans une lointaine contr�e o� la succession se fait entre les fr�res des princes, Habib avait r�dig� un rapport de 652 pages dont le titre �tait tout un programme : �Comment assurer une bonne transition en gardant l�Alg�rie entre de bonnes mains et en chargeant M. Belkhadouyahi d�endormir le peuple en lui racontant que le fr�re n�est pas le fils, ni le saint esprit d�ailleurs� La formule choqua le repr�sentant du parti islamiste, un certain Bou Guerre Et Conflis En Tout Genre qui hurla au complot chr�tien : - Mais vous �tes dingue ! Il n�est pas question de parler de trinit� dans le titre de ce rapport ! - Et que proposez-vous, ya si El fahem ? - Quelque chose de plus simple, comme �Khouk khouk, la yoghor bik sahbek� (Ton fr�re restera ton fr�re, quoiqu�en dise ton ami !) - C�est du n�importe quoi ! - Alors, je propose : �Belkhadouyahi, on conna�t ! Parions sur le fr�re : il y a 50% de chances qu�il soit bon ! - Et les autres 50% ? - On s�en fout ! Car, avec Belkhadouyahi, ont est s�r que ce n�est bon qu�� 20% ! Et encore �. Habib Khali Nez Rouge se gratta le museau, ce qui le rendit plus �carlate encore. C��tait sa mani�re de r�fl�chir lors des d�bats sur les questions fondamentales engageant l�avenir de la nation : - Oui, �a vaut le coup ! Convoquez-moi un grand rassemblement � Marset ben M�hidi pour le d�but du Ramadan. Ce nouveau parti doit frapper fort ! Face � la m�diocrit� des autres, il faut qu�il fasse preuve d�un haut niveau, de modernit� et de rigueur� Invitez l��lite alg�rienne � l��tranger ! Voyez du c�t� du Canada !� Le comit� �S214� ne fut pas inform� du projet. Il continuait � s�occuper du dossier des �Arouchs jaunes�. La question du nouveau parti restait de la comp�tence exclusive du �SDC�. Mais un quotidien de l�ouest, le �Shanghai Tribune� d�El Hamri, divulgua l�information. Toute l�Alg�rie parlait du fr�re, un gars qui a su demeurer dans l�ombre du guide supr�me mais on dit qu�il a beaucoup d�influence sur les milieux d�affaires du pays. On dit aussi qu�il a les faveurs des grandes puissances, sauf la Chine. Question �nigmatique que personne n�arrivait � d�chiffrer, sauf un certain Chou Fla�dja�b, coffreur sur le projet d�autoroute Nedroma-M�sirda, qui expliqua la r�ticence des dirigeants de l�Empire du Milieu par leur certitude que si le grand fr�re est devenu capitaliste apr�s avoir �t� socialiste, le petit fr�re, d�j� capitaliste, risque de trouver la solution � la crise mondiale et de damer le pion � leur chercheur national pour le prix Nobel de l��conomie ! Tout cela se passait � l�ext�rieur de cette cave maudite o� le sadique et monstrueux ma�tre des monts de Kunlun continuait de diriger la s�ance de torture qui durait maintenant depuis trois heures. Voyant que j�avais perdu connaissance, il demanda d�arr�ter le magn�toscope. Il monta en compagnie de ses deux cerb�res et ne laissa que la charmante demoiselle au kimono bleu. Cette derni�re enleva les bandeaux qui masquaient les yeux du terroriste et du pied-noir. Elle me r�veilla et me donna � boire. Prenant un air que je ne lui connaissais pas, elle nous lan�a : - Vite ! Faites ce que je vous dis. Je vais vous lib�rer et nous filerons d�ici vers les montagnes de Yakouren. Je connais le chemin car j��tais guide touristique dans cette zone visit�e par des touristes qui tenaient � voir les anciens campements des gais lurons du GSPC (Gais et Solidaires Pour le Camping). Elle nous d�barrassa de nos cha�nes. Le pied-noir chercha nerveusement dans sa poche cette pipe qui ne le quittait jamais et le terroriste, dans un geste que je comprenais et que je ne comprenais pas, embrassa longuement la demoiselle. Cette derni�re semblait heureuse, ce qui me rendait encore plus perplexe� Dans l�obscurit� totale, nous nous dirige�mes vers la partie oppos�e de la cave. Il n�y avait aucune issue. Au moment o� je me posais des questions sur la sant� mentale de la demoiselle, celle-ci poussa une pierre marqu�e d�un signe rouge et le mur pivota, nous montrant un petit tunnel. Nous nous engouffr�rent dans cet espace et, bient�t, la lumi�re du soleil naissant nous aveugla. Nous �tions c�t� est. Rapidement, la fille nous invita � monter � bord d�une vieille bagnole qui fila vers El-Kseur. - Nous allons grimper vers Yakouren. L�-bas, nous continuerons � pied.� Le pied-noir n��tait pas rassur� : �Mais cette r�gion est infest�e de terroristes !� Je pr�cisai � l�intention du buveur de Jack Daniel�s : - Ils ont �t� d�cim�s ! Depuis la mort de l��mir Hjenjel Mjenjel, il n�y en a plus ! - Cause toujours, commenta le terroriste� M. F.