La protestation d�clench�e par les travailleurs de la SNVI de Rouiba, � l�est d'Alger, s��largit, prend de l�ampleur et se radicalise. Rejoints par les travailleurs d�entreprises publiques de la zone industrielle de la m�me localit�, des milliers de travailleurs ont march� de la zone industrielle vers la ville de Rouiba. Faute d�interlocuteur pour un dialogue avec ces travailleurs qui d�noncent la mis�re, le pouvoir brandit la menace. Ce sont les m�mes revendications exprim�es d�s le premier jour d�une gr�ve observ�e, depuis le dimanche 3 janvier � ce jour, par la quasi-totalit� des 5 500 travailleurs de la SNVI de Rouiba qui ont �t� r�it�r�es, � savoir le maintien du droit du d�part � la retraite en l��tat et la revalorisation r�elle des salaires en vue d�att�nuer la chute vertigineuse du pouvoir d�achat des travailleurs. D�s que les travailleurs ont �t� d�pos�s par les bus du transport du personnel au niveau du complexe et le temps d�enfiler leurs tenues de travail, le cort�ge s�est mis en branle. Direction, la ville de Rouiba, distante d�environ deux kilom�tres. Vers 9 h, l�arriv�e de la t�te du cort�ge � l�entr�e de la ville de Rouiba est accueillie par un impressionnant dispositif de s�curit�. Des centaines de policiers anti-�meutes casqu�s, arm�s de boucliers et gourdins en main barraient le chemin aux marcheurs en tenue de travail. D�s le premier contact entre le cort�ge et les policiers, quelques �chauffour�es ont �clat�. �Ce sont les services de s�curit� qui ont envoy� des voyous pour nous provoquer�, nous ont dit plusieurs marcheurs. Trois d�entre eux ont �t� l�g�rement bless�s. Comme les marcheurs n�avaient manifest� aucune vell�it� de violence, tout est rapidement rentr� dans l�ordre. Le climat s�est d�tendu entre policiers et marcheurs. �Ce sont nos enfants. Nous n�utiliserons pas la violence contre eux�, dira un marcheur d�un certain �ge. Par la suite, les protestataires improvisent des chants et des slogans �Djeich, cha�b, ma�k ya l�SNVI !�, �Ulach smah ulach !�, puis avec un air solennel, ils chant�rent Kassamen suivi de Min djibalina. A 13 h, la foule s�est dispers�e dans le calme. Les travailleurs ont regagn� leur usine. �Sidi Sa�d nous a �gorg�s� La foule ne d�col�re par contre le patron de l�UGTA. L�un de ses repr�sentants, le charg� de l�information, envoy�, d�apr�s les manifestants, afin de lui faire un compte rendu des �v�nements, a �t� pri� de quitter le cort�ge. �Nous exigeons la venue de Sidi Sa�d pour nous dire sur quelle base il a accept� les exigences du gouvernement concernant la r�vision des droits de d�part � la retraite�, dit un manifestant, rapidement repris par la foule qui se montre encore plus dure avec le chef de la Centrale. �Qu�il vienne constater sa compromission avec le pouvoir. Lui est bien grassouillet et laisse les travailleurs crever au labeur !� Approbation g�n�rale et bruyante. La col�re monte. Un manifestant crie : �Nous n�avons pas besoin de lui ! Sidhoum Sa�d nous a trahis !� Un autre hurle en direction de la foule : �Pire, il nous a �gorg�s !� Face � cette col�re contre la direction de l�UGTA, accus�e de tous les maux, les responsables locaux de ce syndicat tentent de sauver les meubles. Les premiers jours de la gr�ve, ils ont d�ploy� des efforts pour la briser. Mais le mouvement de protestation les a compl�tement largu�s. Ils sont revenus pour accompagner cette protestation. Ils �taient pr�sents aux c�t�s des marcheurs. L�un d�eux, Zetoutou, d�plore le manque de dialogue avec la base qui a d�bouch� sur cette r�volte. Selon lui, les travailleurs avaient averti qui de droit qu�ils rejetteraient le changement du dispositif sur le d�part � la retraite. �Sidi Sa�d ne sait pas dans quelles conditions travaillent les ouvriers. Celui qui lui a remis les donn�es n�a jamais travaill� ni sali ses mains au labeur !�, rench�rit un manifestant. Le mouvement de protestation prend de l�ampleur Selon les informations que nous a transmis le responsable de l�Union locale de Rouiba, M. Messaoudi, les travailleurs de plusieurs unit�s, notamment celles du secteur public de la zone industrielle de Rouiba, ont rejoint ce mouvement de protestation. Il nous cite Anabib, MobSclaire, Cammo, Baticim, Hydro Am�nagement, Enad Magi. Par ailleurs, nous avons rencontr� des travailleurs des tanneries alg�riennes Tarmeg qui brandissaient une banderole. Selon le responsable de l�UL, un barrage de la Gendarmerie nationale dress� au milieu de la zone industrielle emp�chait, dans la matin�e, d�autres marcheurs de rejoindre le cort�ge. Au plan national, Messaoudi affirme que toutes les unit�s de la SNVI, notamment celles implant�es � Sidi Moussa, Tizi-Ouzou, Tiaret, Oran, Annaba, adh�rent au mouvement. En tout �tat de cause, les travailleurs sont d�cid�s � aller jusqu�au bout de leurs revendications. �Nous y reviendrons !�, disent-ils � l�unisson.