Les jeunes de la ville de La�zib, dans la wilaya de Boumerd�s, ont repris, pour la seconde journ�e cons�cutive, leur r�volte. Comme ils l�ont fait dimanche dernier, ils ont occup� la RN 12, entre Th�nia et Tizi-Ouzou, une voie tr�s importante pour l�acheminement des voyageurs et des marchandises entre, d�une part, la Haute Kabylie, et, d�autre part, la Basse-Kabylie et l�Alg�rois. Entre La�zib, pr�s de laquelle passe cette route, et la petite bourgade de Chender, situ�e � quelques kilom�tres � l�ouest, des groupes de jeunes emp�chent la circulation. Les manifestants et les policiers y jouent au chat et � la souris. D�s que les forces de l�ordre chargent � coups de grenades lacrymog�nes un groupe de manifestants, un autre prend plus loin le relais pour entraver la circulation automobile. Selon nos informations, les insurg�s, apr�s une discussion infructueuse, semble-t-il, avec leur P/APC, ont organis� une marche en direction de la da�ra pour occuper le b�timent. Le chef de da�ra a discut� avec une d�l�gation de protestataires, et comme les r�ponses du commis de l�Etat n�ont pas, apparemment, �t� satisfaisantes, les jeunes ont repris leur manifestation, caract�ris�e par des affrontements avec les forces anti-�meute. Pour rappel, cette r�volte juv�nile a �clat� dimanche dernier, dans l�apr�s-midi. Les jeunes insurg�s entendaient protester contre l�insuffisance de contrats d�insertion et de formation et leur r�partition, jug�e in�quitable, entre les demandeurs. �La premi�re fois, le P/APC a pr�sent� 80 dossiers pour des contrats d�insertion et de formation professionnelle. Nous avons instruit l�Anem et le P/APC � l�effet de revoir le dossier. Le premier magistrat de la commune a, par la suite, pr�sent� 480 dossiers, qui ont �t� agr��s. Certains candidats ont commenc� � retirer leur contrat. De toute fa�on, le chef de da�ra a �t� instruit de recevoir les protestataires et de revoir, �ventuellement, � la hausse le nombre de contrats�, nous a expliqu� le chef de cabinet du wali de Boumerd�s. De son c�t�, le P/APC, �lu sur une liste FFS, joint par t�l�phone pour de plus amples �claircissements, nous a dit que, pour le moment, il ne pouvait pas nous parler. Rappel� plus tard, comme il avait �t� convenu, la tentative a �t� infructueuse. Pour rappel, ces contrats d�insertion de formation professionnelle sont r�partis entre des collectifs de jeunes ch�meurs ayant un projet r�alisable, dans un court d�lai. Malheureusement, cette histoire de contrat de travail pr�caire n�est que la m�che qui a allum� un autre feu, dans une r�gion compl�tement d�laiss�e. Un d�sastre social Est-ce que 480 postes d�emploi provisoires peuvent att�nuer un d�sastre social ? S�rement pas. �A l��poque, le taux de ch�mage d�passait largement les 60 %�, dira Chemala Noureddine, ancien P/APC, �lu en 1997 sur une liste RCD. L�ancien premier magistrat de La�zib ne manque pas de rappeler qu�entre-temps, plusieurs unit�s de production implant�es dans la zone d�activit�s ZAD, de la localit�, ont ferm�, mettant des centaines de personnes au ch�mage. �A titre d�exemple, je vous cite un fabricant de chaussures, qui a licenci� 400 personnes. Dans la zone d�activit� de la commune, il ne reste que deux unit�s, qui ne fonctionnent qu�avec un minimum de personnes�, ajoutera-t-il. Des raisons �conomiques, comme par exemple l�importation anarchique de produits made in Taiwan, et les conditions s�curitaires ont oblig� la majorit� des patrons de ces unit�s � fermer. Au probl�me du ch�mage, dans cette commune dont la population avoisine les 25 000 �mes, aux revenus quasiment nuls, viennent se greffer d�autres difficult�s. En mati�re de logement, nous garderons toujours cette image de quatre adolescents oblig�s de dormir dans une m�me petite chambre, � cot� de leur s�ur de 26 ans. Pourtant, cette famille, native de cette commune, a demand� un logement social. A-t-on donn� des moyens � la commune pour prendre en charge cette famille ? La jeunesse locale est r�duite � vivre d�exp�dients et � cultiver une rage, qui l�empoisonne. �Depuis deux mois, la maison de Jeunes est sans �lectricit�, pour une histoire de facture impay�e. Ni la DJS, ni la commune ne s�en inqui�tent. Cette structure est donc pratiquement ferm�e�, rappellera un confr�re, pour dire qu�en mati�re d�activit�s socioculturelles, c�est pratiquement le n�ant. Et d�ajouter : �Les jeunes veulent s�amuser et se d�fouler, mais ils sont �trangl�s par un environnement r�fractaire � toute exub�rance juv�nile normale. � En mati�re de d�veloppement, La�zib, � l�instar de la r�gion est de la wilaya de Boumerd�s, particuli�rement la zone montagneuse et berb�rophone, fait l�objet, depuis longtemps, d�une exclusion qui ne dit pas son nom. �Il faut que les commis de l�Etat regardent les localit�s sans scruter l�ob�dience politique des populations �, dira M. Chemala, lui qui a touch� du doigt la gestion d�une commune et a fait face aux difficult�s. Ses propos peuvent ais�ment se v�rifier, � travers les revenus des communes, r�sultats d�investissements. La r�volte des jeunes de La�zib ne concerne pas seulement quelques contrats provisoires de travail. Le mal qui les fait souffrir est plus profond. D�s lors, pourrait-on am�liorer le cadre de vie, comme le pr�tendent certains dirigeants de la wilaya, quand le minimum n�est pas assur� ?