C�est samedi 30 janvier que l�on saura si Taoufik Ben Brik sera libre ou maintenu en prison. Le 23 janvier, la cour d�appel de Tunis, qui a examin� sa demande de mise en libert�, a choisi de diff�rer son verdict. Non sans que le procureur ait demand� une aggravation de la peine du journaliste et �crivain pour un crime fabriqu� de toutes pi�ces. Rappelons que Taoufik Ben Brik a �t� condamn� � six mois de prison ferme sur plainte d�une certaine Rym Nasraoui, 28 ans, qui a affirm� qu�elle avait �t� agress�e et insult�e par le journaliste. Et c�est en l�absence de la plaignante que le journaliste a �t� condamn�. Atteint du syndrome de Cushing (absence de d�fense immunitaire), n�cessitant un traitement m�dical contraignant, Taoufik Ben Brik risque de voir sa sant� s�aggraver dans cette prison situ�e � 130 km de Tunis. �Un endroit isol�. Pr�s de trois heures de route pour y arriver. Et encore, on n�est pas s�r de le voir�, explique son �pouse, Azza Zarrad. La derni�re fois qu�elle avait vu son mari, il a suffi qu�elle l�informe de la campagne de mobilisation men�e pour sa lib�ration pour que les gardiens interviennent et interrompent la visite. Azza Zarrad a d�cid� de se mettre en gr�ve de la faim illimit�e ainsi que les fr�res et s�urs de Ben Brik, jusqu�� la lib�ration de son mari. �Il ne nous reste que nos corps pour nous d�fendre�, expliquait- elle. L��pouse de Ben Brik se nourrit seulement � l�eau sucr�e sous surveillance m�dicale. Au tribunal, Taoufik Ben Brik a de nouveau d�nonc� �une affaire fabriqu�e par les services sp�ciaux. Ses amis, notamment les avocats Nejib Chebbi et Mokhtar Trifi, qui est �galement pr�sident de la Ligue tunisienne des droits de l�homme (LTDH), assurent que Ben Brik ne devrait pas passer une nuit en prison. Mais voil�, nous sommes dans la Tunisie de Ben Ali, un chef d�Etat qui jouit du soutien de l�Union europ�enne, notamment de la France de Sarkozy qui trouve que l��on fait un mauvais proc�s� au pr�sident tunisien. Pour Sarkozy, le r�gime de Ben Ali est un rempart contre l�islamisme. Cette image de Ben Ali anti-islamiste est vivement contest�e par des d�mocrates tunisiens. �L�existence d�un climat antid�mocratique et r�pressif, d�un b�illonnement des voix libres, ajout�e � l�absence de presse libre, de culture � disparition des cin�-clubs, des maisons de la culture �, de d�bats contradictoires, fait le lit du fondamentalisme islamiste�, explique un syndicaliste du bassin minier de Gafsa. Pour lui, �l�islamisme gagne de plus en plus de terrain, occupe l�espace et rel�ve la t�te. Rien d��tonnant que de plus en plus de jeunes soient attir�s par l�islamisme et que le voile islamique soit de plus en plus pr�sent dans la soci�t� tunisienne. De ce fait, le r�gime tunisien que l�on pr�sente comme un rempart contre l�islamisme n�est qu�une fiction�, avant d�ajouter que �la r�pression fait le lit de l�islamisme en Tunisie�. A l�instar de nombreux chefs d�Etat arabes, le pr�sident tunisien instrumentalise les islamistes. Durant l��lection pr�sidentielle, une centaine de membres du parti Nadha, de Ghanouchi, parti interdit d�activit�, ont sign� un appel de soutien pour la r��lection de Ben Ali. Ils escomptent en contrepartie �tre autoris�s � cr�er un parti. Mieux, la propre fille de Ben Ali, �pouse du magnat de la presse tunisienne, porte le hidjab sur insistance de son mari. Pour cette militante des droits de la femme, inqui�te par la rumeur insistante d�une remise en cause de la loi interdisant la polygamie institu�e par le d�funt Habib Bourguiba, �ce pouvoir est en train de tuer tout ce qu�a fait Habib Bourguiba en mati�re de modernit�, Bourguiba que l�on a pourtant combattu pour ses d�rives autoritaires et que de plus en plus de Tunisiens commencent � regretter�, explique-t-elle. �A Ka�rouan, dans un bus public, il n�y avait qu�une seule femme qui ne portait pas le hidjab.� C�est dire.