Tomate et laitue p�rorant du haut de leur 100 DA, poivron vert jouant les starlettes en affichant 140 DA, oignon posant fi�rement, coiff� de ses 90 DA, orange insolente et intouchable avec ses 170 DA, jamais fruits et l�gumes n�avaient connu une telle flamb�e, au grand d�sarroi des citoyens qui, semaine apr�s semaine, attendent en vain une accalmie. A l�eau et au pain sec ? La flamb�e des prix des fruits et l�gumes ne semble pas pr�s de conna�tre son �pilogue. Chaque matin que Dieu fait, p�res de famille et m�nag�res, arm�s de leur couffin d�une main et d�une bonne dose de courage de l�autre, arpentent les march�s de la capitale en qu�te de quelques victuailles indispensables � la pr�paration des repas. Fonctionnaires, retrait�s, femmes au foyer, ces citoyens, que nous avons approch�s entre deux �tals, n�avaient qu�un seul mot � la bouche : �Inabordables !� En effet, les prix affich�s ont de quoi donner le tournis. Laitue et tomate 100 DA, courgette, aubergine et oignon 90 DA, poivron vert 140 DA, petits pois 120 DA, haricots verts 300 DA, orange 170 DA, bananes 140 DA. Retrait� de la SNTF, Mohamed (66 ans), accost� au march� R�da-Houhou (ex- Clauzel), ne cache pas son amertume. �Comment voulez-vous remplir votre panier lorsque votre retraite s��l�ve � peine � 12 000 DA apr�s 32 ans de service ?� �ructe-t-il. �Une fois les factures r�gl�es, il ne vous reste plus qu�� vous contenter de p�tes alimentaires. Quant � la viande et aux fruits, c�est d�sormais un luxe que je m�offre exclusivement le jour o� je re�ois des invit�s !�. Ras-le-bol Le ras-le-bol des citoyens est palpable. Il suffit d�engager la conversation sur le sujet pour que les langues se d�lient instantan�ment. Comme un volcan lib�rant sa lave, les gens en ont visiblement gros sur la patate (55 DA le kilo SVP, elle aussi !). Comme cette femme au foyer, m�re de trois enfants en bas �ge, qui nous dit jongler quotidiennement avec la paie de son mari (16 000 DA) pour parvenir � faire bouillir sa marmite. �La viande et les fruits ne franchissent le seuil de ma maison qu�une fois par semaine, confie-t-elle. Avant, il n�y avait que la viande qui �tait ch�re. A pr�sent, m�me les fruits et les l�gumes sont hors de port�e. On ne peut m�me plus se rabattre sur les l�gumes secs qui ont �galement vu leur prix s�envoler. Comment assurer des repas �quilibr�s � nos enfants ? Et dire que l�OMS recommande de manger cinq fruits et l�gumes par jour. Une h�r�sie lorsqu�on voit les prix au march�.� Carences et malnutrition en vue Petit tour au march� Ferhat- Boussa�d (Ex-Meissonier) o� des dizaines de chalands d�ambulent entre les �tals, coll�s-serr�s et pour cause. Une bonne moiti� de ce march� est ferm�e pour travaux. Les clients tournent en rond, scrutant les prix inscrits � la craie sur des ardoises. �Ce n�est pas aujourd�hui non plus que je vais r�ussir � remplir mon couffin�, nous dira cette dame perplexe devant un �tal de laitue et d�oignons affichant respectivement 100 et 90 DA. Et d�ajouter : �M�me les l�gumes de saison comme les petits pois ou la laitue sont inabordables. L�orange, pourtant produite chez nous, est plus ch�re que la banane, import�e de continents lointains.� Et de s�inqui�ter : �Les Alg�riens vont-ils renouer avec la faim et la malnutrition comme durant la guerre ? Il est temps que les pouvoirs publics r�agissent. � Du c�t� des commer�ants, c�est la m�me vieille rengaine. �Ce sont les interm�diaires qui sont � l�origine de cette sp�culation �, se d�fendent-ils. Big mic-mac Dans tout ce big mic-mac, le dindon de la farce, c'est le pauvre citoyen au pouvoir d�achat d�j� lamin� par l�inflation qui monte en fl�che et des salaires en d�calage avec le co�t de la vie r�elle. Un client, visiblement piqu� au vif, s��tonnera du prix de l�orange (jusqu�� 200 DA le kilo). �C�est la premi�re fois que cet agrume est aussi cher. M�me les petites oranges juteuses qu�on achetait entre 30 et 40 DA le kilo pour faire des jus ont vu leur prix tripler. Incompr�hensible au regard de la pluviom�trie, plus que g�n�reuse enregistr�e cette ann�e dans notre pays !� A quatre mois du Ramadan, p�riode propice � la sp�culation tous azimuts, les petites bourses se font un sang d�encre. Les pouvoirs publics sont vivement interpell�s pour mettre le hol� � toute cette sp�culation qui met en danger la sant� et la dignit� des travailleurs.