Tizi-Ouzou n�arrive pas � se d�faire de l�informel, le trabendo est en passe de devenir un mal n�cessaire. Il est apparemment, pour les pouvoir publics, un palliatif au ch�mage qu�ils n�ont pas la volont� de r�soudre, il est aussi, entre leurs mains, un �l�ment de paix sociale acquise � force de compromis sur le dos de la production nationale, d�une part, de compromission, d�autre part, avec les r�seaux mafieux gros pourvoyeurs du trabendo qui s�enrichissent � vive allure sans imp�ts ni taxes ni contr�le de qualit�. D�autres r�seaux non moins mafieux imposent, contre le paiement de la d�me, la pr�sence et la protection de ce trabendo en d�pit du fait qu�il ajoute une grosse dose � l�anarchie et une �paisse couche de salet� � la ville. Le march� informel, dit trabendo, ne date pas d�aujourd�hui, il r�sulte des ann�es de crise �conomique caract�ris�e par la liquidation du secteur �conomique public, les licenciements massifs et les compressions successives d�effectifs. Il prend de l�ampleur au cours de la d�cennie sanglante o� les destructions occasionn�es par le terrorisme augmentent le ch�mage et r�duisent encore davantage le volume de la production nationale. Ce qui �tait un ph�nom�ne tr�s r�duit engendr� sous l��re du parti et de la pens�e uniques, par l��conomie de p�nurie, deviendra de plus en plus envahissant sous �l��conomie de march�. De la tomate en conserve, des paquets de cigarettes et du tabac � priser en passant par quelques produits limit�s d�importation, l�informel �tend aujourd�hui son emprise � tous les articles d�habillement, aux produits cosm�tiques et d�hygi�ne, au mat�riel de cuisine, � l�outillage, aux fruits exotiques� L�informel se g�n�ralise, fait partie du d�cor qu�il enlaidit plus qu�auparavant. On s�y habitue et on l�entretient par nos achats attir�s que nous sommes par sa pr�sence � port�e de main et par ses prix relativement bas mais sans �gard � la qualit� inv�rifiable pour le citoyen lambda. A Tizi, plusieurs tentatives, incons�quentes, il faut le dire, ont �t� faites visant � d�loger les trabendistes du centre-ville, et se sont sold�es par un �chec, les trabendistes semblent bien au fait des comportements et motivations des autorit�s locales manifestant, de temps � autre, des vell�it�s d�assainissement de la voie publique. Cela survient g�n�ralement apr�s un vol, une agression ou une plainte �manant de quelqu�un de puissant entra�nant l�intervention des forces de l�ordre pour nettoyer les lieux. Durant une ou plusieurs journ�es, les trabendistes jouent au chat et � la souris avec la police anti�meute quand ils ne l�affrontent pas directement dressant des barricades, �changeant des pierres contre les grenades lacrymog�nes. De la rue menant de l�ex-gendarmerie � M�douha, lieu originel d�un trabendo qui dissimulait sa g�ne, les trabendistes d�complex�s gagnent la rue Lamalli et l�avenue Abane- Ramdane avant d�investir, � la fin des ann�es 1980, sous les coups de boutoir des services de s�curit�, le terrain vague face au stade du 1er-Novembre, se permettant m�me d��riger des baraques en dur ou en t�le installant un foyer d�insalubrit� durable au c�ur de la ville. L� �galement, on a altern� longue p�riode de tol�rance, tentatives de les d�loger et promesses de les d�localiser vers des lieux appropri�s et saints, mais sans suite jusqu � ce jour. Un seul pr�sident de la d�l�gation sp�ciale, Ahc�ne Djeffal en l�occurrence, a os� s�attaquer de front au ph�nom�ne en faisant un nettoyage par le vide, rasant les baraques et les monticules d�ordures amoncel�es tout autour. Cette op�ration coup-de-poing s�est av�r�e encore une fois �ph�m�re, d�autres responsables locaux, apr�s lui, ont, sous pr�texte de lutte contre le ch�mage, d�livr� des autorisations qui ne cessent de se multiplier. Le ph�nom�ne que l�ont se proposait de contenir dans ce terrain, destin� pourtant � la construction d�un complexe culturel et de loisirs, a fini par gagner d�autres sites au centre-ville et � la Nouvelle-Ville. De nouveau, la rue de la Paix, les ruelles autour du march� couvert, la rue Lamalli, les sorties est et ouest, les environs de la poste Anane de la Nouvelle-Ville sont envahis par les trabendistes aux d�pens des commer�ants r�guliers dont les protestations n�aboutissent � aucun r�sultat palpable. Aujourd�hui, tout se vend sur les trottoirs ravis � leur vocation. Les pi�tons qui ne veulent pas se bousculer et se pi�tiner entre deux rang�es d�exposants, le long de la rue Lamalli, d�bordent sur la chauss�e ajoutant leur grain de sel � l�anarchie ambiante et � l�encombrement permanent.