Le mouvement de grève déclenché par le bureau du CNAPESTE de Tizi Ouzou depuis le 20 novembre à travers différents établissements de la wilaya n'a pas manqué d'irriter les parents d'élèves. Il ne se passe pas un jour, en effet, sans que l'on ne enregistre la montée au créneau de plusieurs associations des parents d'élèves de différents établissements scolaires, tous paliers confondus, pour dénoncer ce que ces associations qualifient de prise d'otage des élèves par les différents protagonistes à l'origine de cette grève, qui a bouclé sa troisième semaine, non sans les appeler à trouver une issue à un conflit qui n'a que trop duré, selon les parents. «Nous sommes vraiment inquiets pour la scolarité de nos enfants qui sont à leur troisième semaine sans cours à travers de nombreux établissements de la wilaya», s'est insurgé Ali Lahcène, président de la Fédération des associations des parents d'élèves de la wilaya de Tizi-Ouzou. Selon lui, cette grève n'avait aucune raison d'avoir lieu, surtout que le motif de ce débrayage, a-t-il ajouté, concerne une affaire qui devait être plutôt réglée au sein de l'administration ou la justice. «Comment faire pour rattraper ces trois semaines de grève surtout pour les élèves des classes d'examen ?», s'est-il encore interrogé non sans affirmer que les parents d'élèves restent des partenaires de la famille éducative, notamment des enseignants qui refusent de sacrifier les vacances d'hiver de leurs enfants pour organiser des cours de rattrapage. «Nous refusons la proposition du CNAPESTE quant à l'organisation des cours durant ces vacances d'hiver car nos enfants ont besoin de cette période pour se reposer», a ajouté le président de la Fédération avant d'inviter le syndicat à l'origine de cette grève et les responsables de l'académie de trouver une issue à cette crise qui risque de compromettre la scolarité d'une bonne partie des élèves de la wilaya. Une grève qui avait pour origine, selon l'appel lancé par le bureau du CNAPESTE (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l'éducation) de Tizi Ouzou, cette agression dont aurait été victime, selon ce syndicat une enseignante stagiaire d'une école primaire de la ville de Tizi Ouzou, le mois d'octobre dernier, de la part d'une policière dans les bureaux de l'académie. «Nous refusons la prise en otage de nos enfants» Une affaire qui avait, pour rappel, suscité une grande polémique et qui avait poussé la direction de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, à rendre public un communiqué, le 31 octobre au lendemain d'un sit-in du CNAPESTE devant le siège de la DE, pour démentir toute sorte d'agression sur l'enseignante en question par une policière de la sûreté de Tizi Ouzou, suite à un différend qui a éclaté dans les bureaux de la DE entre l'enseignante et des responsables de l'administration. «La policière de faction s'est déplacée sur les lieux du différend et est intervenue en appelant l'enseignante au calme avec professionnalisme, en présence de témoins ; finalement, les choses sont rentrées dans l'ordre», écrit la sûreté de wilaya dans un communiqué transmis à la presse. Un acte que le bureau du CNAPESTE de Tizi Ouzou, n'a cessé de dénoncer à travers d'abord la tenue d'un rassemblement devant le siège de l'académie à la fin du mois d'octobre dernier en guise de soutien avec leur collègue non sans réclamer en même temps le départ de deux responsables exerçant à la DE, à savoir le responsable du personnel et celui du contentieux, qui seraient selon le même syndicat «complices» dans l'acte d'agression commis sur la jeune stagiaire. Face à ce qu'ils qualifient du silence de la tutelle, les responsables du CNAPESTE de Tizi Ouzou ont décidé de durcir leur mouvement en appelant depuis le 20 novembre dernier à un mouvement de grève illimité suivi d'un imposant sit-in organisé le 5 décembre dernier devant le siège de la wilaya. Dans sa déclaration du 28 novembre à l'issue d'une réunion tenue au siège du syndicat sis au CEM Lotfi de Tizi Ouzou, afin d'évaluer le mouvement de grève enclenché depuis le 20 novembre dernier, les membres du conseil de wilaya du CNAPESTE, tout en se félicitant de ce qu'ils qualifient d'une «mobilisation croissante et de la prise de conscience qui ne cesse de s'amplifier», affirment enregistrer avec satisfaction «l'adhésion massive de beaucoup d'autres enseignants et d'enseignantes des différents paliers au mouvement de grève, ce qui prouve la justesse de nos revendications», lancent les membres du conseil de wilaya du CNAPESTE, qui sont revenus à la charge concernant l'affaire des deux responsables de la DE qui se sont rendus auteurs selon le CNAPESTE de «multiples dépassements, de passe-droits, d'abus du pouvoir, d'hégémonisme, de comportements indignes et de non-dits restés impunis». Le statu quo Aujourd'hui, alors que l'on se dirige droit vers les vacances d'hiver, le bras de fer engagé entre le syndicat et la direction de l'éducation prend les allures d'un feuilleton qui ne semble pas entrevoir une solution, du moins dans l'immédiat. Les deux belligérants campent chacun sur sa position et c'est une sorte de démonstration de force qui est engagée sur le dos des élèves pris en sandwich par l'entêtement des uns et des autres. La direction de l'éducation de la wilaya observe, passive un silence qui en dit long sur une situation complexe. Le CNAPESTE refuse de reculer devant une revendication qui lui semble des plus légitimes et ne veut pas faire preuve de faiblaisse devant l'administration. Dans le cas contraire, et s'il recule sans obtenir gain de cause, il sera «broyé» estiment les observateurs de la scène. Il (le syndicat, ndlr) a d'ailleurs tenu à le montrer mardi dernier lors d'un grand rassemblement tenu devant le siège de la wilaya où les enseignants des différents paliers de l'éducation nationale affiliés au Conseil national autonome des professeurs du secondaire et technique élargi de la wilaya de Tizi-Ouzou pour demander une énième fois la mise à l'écart des deux responsables exerçant au niveau de la direction de l'éducation «complices» de l'agression commise le 17 octobre dernier sur une enseignante au niveau de la DE. Ils étaient quelque 3000 enseignants à réitérer avec force et détermination leur engagement à aller jusqu'au bout de leur mouvement. Il y va de la dignité de l'enseignant. «Nous n'accepterons jamais qu'une enseignante soit giflée par une policière. Nous accusons le chef de service du personnel de la DE et le chef du bureau du contentieux exerçant au niveau de l'académie d'avoir failli à leur mission. Cet acte prouve clairement la gestion calamiteuse de ces responsables», avait clairement claironné un membre du bureau de wilaya du syndicat du rassemblement.