Les services de la sûreté de wilaya ont réussi à neutraliser, dimanche dernier, un réseau spécialisé dans l'immigration clandestine. Au cours de cette énième opération, déclenchée sur dénonciation, cinq personnes ont été arrêtées et une saisie de deux embarcations à moteur ainsi qu'une quantité d'une centaine de litres de gasoil s'en est suivie. Outre les éléments de la sûreté, ce sont les corps des gardes-côtes et ceux de la Gendarmerie nationale qui ne cessent d'intensifier les opérations de contrôle, soit sur les eaux territoriales, soit avant l'amorce de la traversée vers la fameuse île de Sardaigne. Depuis Annaba, plusieurs tentatives d'émigration illégale ont été déjouées durant l'année qui s'achève, mais le phénomène ne cesse de prendre des dimensions inquiétantes. Les candidats à cette «Harga» ont généralement entre 20 et 35 ans. Ils sont originaires généralement de la périphérie d'Annaba, mais aussi de Guelma, Souk Ahras, Constantine ou Sétif. Selon les communiqués de presse des services concernés, leur nombre est en constante progression, été comme hiver. Et au terme des investigations, ce phénomène génère un juteux filon pour les réseaux de cette dangereuse et souvent macabre filière. Variant entre 80 millions et 60 millions de centimes, le prix par personne de la traversée depuis les côtes d'Annaba, ce «vouloir partir» fait l'affaire de passeurs sans scrupule. Ils sont plus ou moins connus et promettent des embarcations «sûres, avec bon moteur» pour un voyage de 16 à 18 heures, suivant la météo. Gilets de sauvetage et outils de navigation GPS sont également promis par ces organisations criminelles. En fait, ce sont souvent des embarcations de fortune qui bravent la mer avec des harraga inconscients. D'ailleurs, plusieurs ateliers de fabrication de ces cercueils ambulants ont été découverts, par la gendarmerie, sur la plage de Sidi Salem. Mais la clandestinité fait que des rafiots continuent de prendre le large à partir, notamment, du Cap de garde d'Annaba et des plages Oued Bakrat ou Djenne El Bey sur la commune de Séraïdi. Pour les prétendants à l'émigration clandestine, l'île de la Sardaigne n'est qu'un point de transit européen. Etant à vol d'oiseau des côtes d'Annaba, cette île italienne constitue un Eldorado malgré le centre de rétention de Lampedusa. Les opérations de contrôle se multiplient, les parents de disparus ne cessent de réclamer des enquêtes, l'euro connaît des flambées mais le phénomène de la «harga» semble narguer bon ou mauvais temps...