Projeté samedi en fin d'après-midi à l'opéra d'Alger Boualem Bessaiah, C'est tout pour moi, premier long métrage de Nawell Madani, écrit et co-réalisé avec Ludovic Colbeau-Justin a été un véritable triomphe auprès du public algérois. Le film C'est tout pour moi est un immense succès puisque depuis sa sortie en novembre dernier, il a déjà fait en France et en Belgique plus de 750 000 entrées et ce n'est pas l'interminable file d'attente qui a carrément entouré l'Opéra d'Alger qui dira le contraire. Jamais cet édifice depuis son inauguration en 2016 n'a vu se presser à ses portes autant de monde. Des fans de Nawell Madani, la plus belge des algériens ont fait le déplacement des quatre coins du pays en payant trois mille dinars le prix d'un billet d'entrée pour le spectacle et six cents dinars pour le film ont ainsi presque rempli les 1400 places de l'Opéra, transformé à cette occasion en salle obscure. A 16h00 précise, les lumières s'éteignent. Place à une heure quarante trois minutes de rire et d'émotion. Et d'emblée, le ton est donné. Drôle, intelligent et touchant, C'est tout pour moi raconte la success-story de Nawell Madani. C'est sa propre histoire bien que ce ne soit pas un biopic complètement authentique puisque Nawell Madani revisite son histoire en injectant beaucoup d'imaginaire... Le parcours d'une combattante Comédie grand public, le film commence tel un conte de fées des temps modernes. Il était une fois deux petites princesses qui se prennent de passion pour la danse et la féminité, Lila (Nawell Madani) et Karima sa sœur, protégées par un roi bienveillant, leur père. Puis, un accident laisse Lila défigurée, risée des cours de récré. Mais, de ce malheureux accident, se forge déjà le caractère de celle que les échecs renforcent, au lieu de se décourager... Rêvant de devenir danseuse malgré le désaccord de son père, Lila part de Belgique à Paris pour tenter sa chance. Mais une fois sur place, passe des castings de danse, fait de mauvaises rencontres et de galères en désillusion, finit par développer un intérêt tout particulier pour la scène, mais avec humour. En effet, partie pour réaliser son rêve de danseuse, elle se retrouve en prison (bien qu'en réalité elle n'en a jamais fait) et fait la rencontre de Fabrice (campé par François Berléand). De là, la jeune femme découvre le stand -up et prend conscience qu'elle a des talents d'humoriste... C'est tout pour moi est avant tout un parcours en solitaire, dans la méfiance et la persévérance, bourré d'humour et d'émotion. Le public qui a réagi à chaque note d'humour de l'artiste n'a pas cessé de rire aux éclats tout au long du film...A seulement 34 ans, Nawell Madani a beaucoup de choses à raconter sur son vécu et son combat pour réussir aux yeux de son public mais aussi et surtout aux yeux de son père. Un père qui n'a pas toujours compris ses choix, mais par l'immense amour et bienveillance qu'il lui porte, a réussi à compenser la distance qui le séparait de sa fille. «J'irai au bout de mes rêves...» C'est Tout Pour Moi, titre chargé de références à la fois personnelles et au monde du stand-up, est à l'image de Nawell Madani, débordant d'énergie et à l'humour ravageur. Encore mieux, le long-métrage parvient à nous surprendre en rajoutant une dose d'émotion bien dosée et en dénonçant les travers du show-business. Le film met aussi en scène des comédiens amateurs qui entourent Nawell Madani, une volonté de cette dernière qui a donné à leur tour la chance à de nouveaux talents. Si Nawell Madani dédie son film à ses parents, on peut se demander pourquoi on ne voit nulle part le personnage de sa mère. Nawell dira à ce sujet que «ma mère sait à quel moment je parle d'elle sans qu'elle soit à l'image. Il y a plein de clins d'œil...» Rappelons par ailleurs que le spectacle de Nawell Madani C'est moi la plus belge a été organisé dans le cadre de la première édition d'«Alger mon humour» dont la première soirée a été donnée jeudi soir par l'humoriste elle-même. Cette dernière a d'ailleurs décidé de ne pas se faire payer les 3000 DA (prix d'un billet d'entrée pour le spectacle) pour remettre cet argent au staff technique et danseurs qui l'ont accompagnée durant les quatre galas programmés à Alger... C'est tout pour moi est à revoir du 14 au 19 janvier courant à raison de quatre séances par jour à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth à Alger.