Ce jeudi, dans son émission sur la troisième chaîne de télévision nationale, l'ancien chanteur Mohamed Reda devenu animateur a entamé la discussion autour des Msameê. La chanteuse de hawzi Latifa Benakouche a d'abord été franche en affirmant qu'elle ne connaît pas l'origine de ce style chanté par les femmes lors des fêtes familiales. Par la suite, l'artiste très aimée par les amateurs de belle musique algérienne et qui est très recherchée pour les fêtes familiales qu'elle anime comme autrefois, a fait l'erreur en affirmant que les chanteuses n'utilisaient autrefois que la derbouka et qu'elles ne se sont mises à utiliser les autres instruments de musique qu'à partir de 1940. La chanteuse Latifa Benakouche s'est trompée puisque la pionnière de la chanson algéroise El Mâalma Yamna Bent El Mehdi se faisait déjà accompagner au violon dans les années 1920. A cette époque aussi, il y avait Titine, la juive qui était une virtuose du piano. La chanteuse Meriem Fekkai dite El Bessekria jouait également du violon tout comme la tlemcénienne Cheikha Tetma qui a enregistré son premier disque en 1918. A la même époque, c'est-à-dire bien avant 1940, Reinette Daoud dite l'oranaise chantait aussi en jouant merveilleusement du luth. Alice Fitoussi qui est née en 1916 à Bordj Bou arreridj jouait aussi du luth tout comme beaucoup d'autres chanteuses. Alice qui animait les fêtes familiales jusqu'aux années 1970, avait fini par devenir voyante à El Biar à cause de la marginalisation motivée sûrement par le racisme car elle était juive. Donc, c'est vrai que la derbouka a toujours été utilisée par les femmes pour se faire accompagner car c'est un instrument indispensable pour faciliter le suivi de la mesure, mais cela n'a pas empêché les femmes de jouer aux autres instruments et ce, depuis plusieurs siècles, puisque la plus grande chanteuse du zedjel qui nous donnera l'arabo andalou, Djamila jouait déjà du ôud durant l'époque de Ishaq El Mawssili et Ziryab à Mossoul. Par ailleurs, au Sahara, depuis fort longtemps, les femmes ont la primauté de jouer à l'Imzad, un des parents du violon occidental.