Dans la foulée de l'annonce par Donald Trump de mesures punitives portant sur les importations chinoises, Washington a déposé plainte devant l'OMC contre Pékin pour violation de la législation sur la propriété intellectuelle. En représailles, la Chine menace d'instaurer des droits de douane sur une centaine de produits. Les Bourses asiatiques dégringolent. Entre la Chine et les Etats-Unis, les hostilités sont lancées. Hier, Washington a lancé devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) une procédure contre Pékin, lui reprochant de «porter atteinte au droit de la propriété intellectuelle de ses entreprises». Cette annonce intervient quelques heures après que Donald Trump ait signé un «mémorandum ciblant l'agression économique de la Chine». Le président américain avait alors évoqué des mesures punitives contre des importations chinoises d'un montant pouvant atteindre 60 milliards de dollars. La réplique chinoise ne s'est pas fait attendre: Pékin a dévoilé une liste de 128 produits, ou lignes tarifaires, sur lesquelles il se dit prêt à appliquer des droits de douane de 15% ou 25%. Cette escalade a fait plonger les bourses asiatiques et américaines. Les Etats-Unis reprochent à la Chine de ne pas donner aux entreprises américaines les moyens de se défendre contre l'exploitation de leurs innovations par des sociétés chinoises. Ils l'accusent aussi de pratiquer une politique de «discrimination» contre l'importation de technologies étrangères. Donald Trump blâme aussi la Chine pour son colossal excédent commercial avec les Etats-Unis (375,2 milliards de dollars en 2017 selon les douanes chinoises). Il a répété avoir demandé aux plus hauts représentants chinois «de réduire, immédiatement, ce déficit de 100 milliards de dollars». «Le mot-clé est réciproque», a-t-il insisté. En début de semaine, la Maison-Blanche avait déjà fait savoir qu'elle envisageait de cibler les produits «Made in China» dans les secteurs des technologies de l'information, de l'électronique grand public et des télécoms. Aujourd'hui, la Chine réplique en ciblant fruits frais, vin, éthanol, ginseng, tubes d'acier sans soudure (taxés à 15%) mais aussi la viande de porc et l'aluminium recyclé (frappés à hauteur de 25%). Certes, à environ 3 milliards de dollars, le montant concerné est faible et la liste ne comprend pas le soja, produit dans les Etats ayant soutenu Donald Trump pendant la campagne présidentielle, et que les Américains ont exporté en Chine à hauteur de 14 milliards de dollars l'an dernier. De même, la réponse chinoise ne s'applique pas immédiatement, Pékin souhaitant laisser la porte ouverte à des négociations. Mais le ton employé par la Chine ne laisse pas de place au doute. «La Chine n'a en aucun cas peur d'une guerre commerciale», a ainsi averti le ministère chinois du Commerce. «Si une guerre commerciale devait être lancée par les Etats-Unis, la Chine se battrait jusqu'au bout pour défendre ses propres et légitimes intérêts par tous les moyens nécessaires», avait également menacé dès jeudi soir l'ambassade de Chine à Washington.