Après un ralentissement marqué en 2017, la croissance dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap) devrait s'accélérer en 2018, soutenue par l'amélioration des activités non pétrolières et la hausse des exportations, selon les chiffres publiés par le Fonds monétaire international (FMI). La croissance dans la région Moanap devrait s'établir à 3,4% en 2018 contre 2,6% en 2017, précise le FMI dans son rapport actualisé sur les perspectives économiques de cette région. Cette tendance haussière devrait se maintenir en 2019 à 3,7%, selon ce rapport publié chaque printemps par le département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI dans le cadre de la surveillance de l'évolution des politiques économiques des 32 pays de la région. Après avoir touché son point le plus bas en 2017, la croissance économique des pays exportateurs de pétrole de la région Moanap devrait s'accélérer en 2018 et 2019. Cette tendance tient en grande partie à la reprise durable des activités non pétrolières, au moment où de nombreux pays temporisent leurs rééquilibrages budgétaires afin de soutenir la demande intérieure, précise le fonds. La croissance dans les pays pétroliers ayant atteint son niveau le plus bas en 2017 selon les estimations, les perspectives globales n'ont pas subi de changements majeurs par rapport au mois d'octobre, selon les mêmes projections. Malgré l'accélération prévue pour 2018 et 2019, l'activité économique devrait demeurer faible sur le moyen terme par rapport à ses niveaux d'avant 2014. Plus précisément, les projections font état d'une croissance globale de 2,8 % cette année et de 3,3% en 2019 contre 3,0% et 2,7% respectivement selon les prévisions d'octobre. «La reprise devrait intervenir plus rapidement que prévu en Arabie saoudite sous l'effet, entre autres, du ralentissement du rééquilibrage budgétaire, en Algérie grâce à l'augmentation des dépenses d'investissement et en Iraq comme conséquence des efforts de reconstruction», souligne le FMI dans cette analyse. Réformes structurelles complémentaires Dans l'ensemble, les pays exportateurs de brut devraient poursuivre leur rééquilibrage budgétaire, bien qu'à un rythme moins soutenu, prévoit le FMI, préconisant l'augmentation de l'efficience des dépenses tout en maîtrisant les masses salariales élevées de la fonction publique, qui prennent le pas sur d'autres postes essentiels. «Sans réformes structurelles complémentaires, les mesures prises à ce jour, entre autres le gel temporaire des embauches, pourraient se révéler difficiles à maintenir sur la durée», relève le FMI. Parmi les autres réformes nécessaires, le fonds cite de nouvelles mesures en vue de l'élimination totale des subventions à l'énergie ainsi que des changements à apporter aux régimes de retraite et de sécurité sociale, notamment une révision de l'âge de départ à la retraite et des prestations ; compte tenu des besoins de financement qui se profilent, les déficits budgétaires cumulés devraient atteindre 294 milliards de dollars sur la période 2018-2022, contre 71 milliards de dollars pour les amortissements de dettes publiques sur la même période, anticipe l'institution de Bretton Woods qui note que ces pays sont de plus en plus vulnérables à un resserrement soudain des conditions financières internationales. Citant l'exemple des besoins de financements bruts pour 2018, le fonds avance qu'en cas de hausse de 200 points de base des taux d'intérêts, les pays exportateurs de la région Moanap verraient leurs paiements d'intérêts augmenter de 0,1 à 0,6% du PIB par an, ce qui ne ferait qu'aggraver les difficultés budgétaires existantes. Le FMI souligne, par ailleurs, la persistance des risques menaçant la reprise économique dans les pays importateurs de pétrole de la région. Le redressement de la croissance dans ces pays devrait se poursuivre sous l'effet combiné des réformes en cours, du regain de confiance dans certains pays et de la progression continue de la demande extérieure. Mais la reprise de la croissance reste fragile. Selon les estimations, la croissance régionale a atteint 4,2% en 2017. Elle devrait poursuivre sa progression pour atteindre 4,7% cette année et 5% en moyenne sur la période 2019-2023, certains pays affichant des taux nettement plus élevés. La poursuite du renforcement des perspectives dans la zone euro va continuer d'appuyer l'activité économique de ces pays par le biais des exportations, des envois de fonds, de l'investissement direct étranger et du tourisme.