Le Maroc poursuit sa campagne visant à impliquer l'Algérie de manière directe dans des négociations sur la question du sahara occidental. Dans un entretien avec la chaîne France 24, en marge du sommet de l'UA à Nouakchott (mauritanie), le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita estime que l'Algérie est l'acteur principal dans le dossier sahraoui, à côté du Front polisario et de Rabat. «Par le passé, il y avait deux parties, deux Etats en conflit. Aujourd'hui, il y a une reconnaissance qu'il y a d'autres parties qui ont un rôle dans le dossier. L'acteur principal pour nous est l'Algérie. Tout le monde sait qui abrite, qui finance, qui mobilise son appareil diplomatique dans ce dossier», a-t-il déclaré. Il poursuit qu'à l'approche de l'adoption des résolutions du conseil de sécurité de l'ONU, il n'y a aucun autre pays qui fait le tour des ministères des Affaires étrangères des autres pays pour faire des démarches dans ce sens. «Les décisions de l'assemblée générale se discutent entre le Maroc et l'Algérie», a-t-il encore rapporté. Selon lui, trouver une solution au conflit du sahara occidental ne peut se faire sans l'adhésion d'Alger, accusé par ses soins d'être responsable de la création du problème. «Il faut que toutes les parties se mettent à la table des négociations», a-t-il plaidé. En voulant impliquer l'Algérie, le Maroc cherche tout simplement à contourner les résolutions onusiennes. Le Conseil de sécurité a tranché en 1991 déjà pour la résolution du conflit à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Un processus bloqué par le royaume. La position algérienne sur le dossier est en effet connue : organiser un référendum conformément aux résolutions de l'ONU. Interrogé sur le rapport sur la question du Sahara occidental, présenté par le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, dans le cadre de la mise en œuvre de la décision 653 de la 29e session de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, tenue en juillet 2017, qui renforce davantage l'implication de l'Organisation panafricaine dans la gestion de la question du Sahara occidental au niveau des Nations unies, l'invité de France 24 l'a qualifié de «nécessaire». Les déclarations de M. Bourita interviennent au lendemain d'une tournée de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, dans la région qui comprend plusieurs étapes (les camps des réfugiés sahraouis, les territoires du Sahara occidental occupés, le Royaume du Maroc et la Mauritanie). Cette tournée s'inscrit dans le cadre de l'application de la résolution onusienne adoptée le 17 avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU, demandant aux parties au conflit (le Maroc et le front Polisario), la reprise des négociations directes «sans conditions préalables et de bonne foi». Mais ce lundi à Nouakchott (Mauritanie), le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, a dénoncé le blocage par le Maroc de l'organisation du référendum d'autodétermination pour l'indépendance du Sahara occidental. «Le Maroc bloque depuis 27 ans l'organisation du référendum d'autodétermination pour l'indépendance du Sahara occidental, ce qui a une incidence sur la paix et la stabilité de la région», a-t-il déclaré en marge du 31e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA.