Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a entamé le travail de terrain en vue de convaincre la classe politique et le pouvoir en place de son initiative de consensus national pour une sortie de crise. Le président du parti islamiste a reçu dans l'après-midi de dimanche, au siège du MSP, Amara Benyounès, président du Mouvement populaire algérien (MPA). Considéré comme l'un des soutiens du chef de l'Etat, le MPA a pourtant exprimé «les mêmes positions quant à l'analyse de la situation politique que traverse le pays et les moyens de sortie de crise, précise Bouabdellah Benadjaimia, secrétaire national chargé à la communication au sein du MSP. Joint hier, il explique que «la direction du parti a trouvé un écho très positif chez Amara Benyounès». Il se trouve en effet que les deux parties partagent le constat de «crise politique» caractérisée par «le flou, la panique et la lutte de clans au sein du pouvoir», précise notre source. Sur le plan économique, «la planche à billets, l'épuisement des réserves de change et l'éloignement graduel de l'Etat du système de subvention» sont autant d'éléments qui démontrent qu'il y a péril en la demeure, ajouté au «danger d'explosion sociale exprimé», ajoute Benadjaimia. Les mêmes positions que partage Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, que Abderrezak Makri a rencontré «en fin de semaine dernière». Pour le chargé de la communication du MSP, il n'y a pas que les points de convergence puisque le plus important pour le parti est que la classe politique puisse s'unir autour des solutions. «Nous nous sommes tous mis d'accord lors des deux rencontres qu'il n'y a pas d'autre issue à la crise que le consensus. Les détails de concrétisation de ce projet importent peu quand tout le monde se dit prêt à s'asseoir autour de la table sans condition», explique-t-il, précisant qu'«aucun parti ne peut prétendre détenir seul la solution». Les rencontres que vient d'entamer le MSP interviennent à quelques mois seulement de l'élection présidentielle 2019. C'est pourquoi d'ailleurs cette échéance a constitué «l'un des importants sujets abordés» lors des rendez-vous de Makri avec Benflis puis avec Benyounès. L'occasion du consensus Pour les trois chefs de parti, la présidentielle «est une occasion pour réaliser le consensus» à travers notamment l'organisation d'un scrutin libre et transparent. Pourtant, tout le travail que mène le MSP à l'instar d'autres formations politiques comme le FFS qui appelle à la reconstruction du consensus national reste tributaire de la disponibilité du pouvoir à se mettre autour de la table. Un pouvoir qui, faut-il le préciser, n'accorde pas beaucoup d'importance à l'expression de «crise» sur laquelle la majorité des acteurs de la classe politique est d'accord. Dans cette optique, le MSP n'a pas exclu dans ses invitations envoyées à la classe politique et au pouvoir «les vrais décideurs» au sein de ce dernier. Des décideurs comme le président Abdelaziz Bouteflika, le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah ou encore le Premier ministre Ahmed Ouyahia ? «Pourquoi pas», nous répond Bouabdellah Benadjaimia qui ne cache pas que «le MSP veut bien les rencontrer». En tout état de cause, les entretiens qu'a eus Makri avec Benflis et Benyounès ne sont que les premiers d'une longue série de rencontres prévues par la formation islamiste pour convaincre de son initiative de consensus. D'autres rendez-vous sont attendus dans les prochains jours, voire les prochaines heures et qui restent tributaires de l'agenda des partis et acteurs sollicités. Une chose est sûre, soutient le porte-parole du parti, «le MSP a sollicité tout le monde sans exclusion aucune, opposition et pouvoir».