Les Algériens vivent une situation sociale «intenable», conséquence d'une gestion «unilatérale» du pouvoir en place, selon le Front des forces socialistes (FFS). Par la voix de son premier secrétaire national, le plus vieux parti de l'opposition en Algérie a fait le procès au régime et aux tenants du pouvoir. Mohamed Hadj Djilani qui prononçait, hier, un discours d'ouverture de l'université d'été du parti qui se tient à Souk El Tenine, dans la wilaya de Bejaia, a estimé que les récentes revendications sociales» légitimes» des populations à Bechar, Ouargla, Djanet et dans plusieurs autres wilayas du pays, «sont l'expression de l'échec du système de gouvernance, de la distribution inéquitable des ressources, et du non-respect des droits individuels et collectifs». Qualifiant cette situation «d'intenable», pour Djilani, elle est «la conséquence de la gestion unilatérale, non concertée, non consensuelle de la part du pouvoir». Un pouvoir qui, dit-il, «aggrave l'injustice, les inégalités, l'exclusion, la dégradation d système éducatif, des universités, de l'environnement et du système de santé». Il en veut, d'ailleurs, pour preuve, le retour d'épidémies, telles que le choléra et des maladies infectieuses, qu'on croyait disparues à jamais. «Un désastre», a lâché le premier secrétaire national du FFS. Actualité oblige, Mohamed Hadj-Djilani a critiqué la façon avec laquelle les pouvoirs publics traitent l'épidémie, faisant notamment allusion aux déclarations contradictoires du ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, et celle de son département. «Lorsque les pouvoirs publics déclarent qu'ils arriveront à bout de l'épidémie en trois jours, puis affirment qu'ils n'ont encore pas détecté sa source, cela dénote du sérieux avec lequel les affaires publiques sont gérées», a-t-il ironisé avec regrets. Pour l'orateur, ce genre de comportements est inacceptable, estimant qu' «on ne peut se permettre un tel mépris à l'égard de la population». Et sur un ton de colère, Djilani soutiendra : «Décidément, on aura vu de tout, en 2003 la peste, en mars 2018 la rougeole et maintenant le choléra, c'est dire que la régression est palpable». Dans son discours, Mohamed Hadj Djilani, a, cette fois ci, volontairement, semble-t-il, ignoré de parler politique, de la présidentielle et des récents changements au sein de l'Armée notamment. Le FFS, qui dit prendre acte des «aspirations et exaspérations» du peuple, se joint à la colère citoyenne engendrée par la situation sociale. «Les Algériens et les Algériennes ont dénoncé, et ils ont le droit de le faire, qu'à l'ère des sciences et des technologies, nos concitoyens souffrent de maladies qu'on croyait disparues», dira son premier secrétaire national. Pas que ça à entendre parler le même orateur, pour qui «les Algériens et les Algériennes ont dénoncé, et ils ont le droit de le faire, qu'au moment où on leur vante la justice et l'état de droit, des scandales de corruption éclatent au sommet de l'état». Une allusion on ne peut plus claire à l'affaire des 701 kg de cocaïne saisie le 29 mai au port d'Oran, qui continue de faire tomber des têtes. «Le FFS restera opposant au régime» Désormais, si le statut-quo est maintenu, «c'est par la faute seule et unique de ce pouvoir», avertit le premier secrétaire national du FFS, un parti qui, insiste-t-il, «restera opposant à ce régime dictatorial et autoritaire». Hadj Djilani estime que les femmes et les hommes de notre pays sont «conscients de la gravité du moment». «Ils savent que la poursuite des options actuelles est de nature à compromettre l'avenir», soutient-il en substance. Mais, ce n'est pas pour autant qu'il faut tout lâcher, car selon lui «l'espoir est permis», et il y a bel et bien des raisons d'espérer en cette jeunesse à qui «échoira le rôle d'arbitrer l'avenir». À elle, il faudra ajouter les mouvements, associatif et syndical, qui se sont développés en dépit des restrictions. Ce sont tous ces composants que le FFS compte mobiliser «face à l'immobilisme du régime», pour son projet de reconstruction d'un consensus national.