Dans les tribunes, les supporters de football ont toujours chanté pour supporter leur club ou déranger l'adversaire. Un petit voyage à travers ces chants s'impose. Il y a quelques jours, les supporters de l'USMA qui semblaient inspirés par la politique ont poussé les footballeurs de l'équipe irakienne des forces aériennes à quitter le stade. Le motif : les supporters avaient cité dans leurs chants l'ancien président Saddam Hussein. Les deux clubs qui jouaient le championnat arabe de football pourraient payer cher l'inspiration des supporters de l'USMA qui ne manquent pas de rime. Après la réaction des footballeurs et responsables de la fédération d'Irak, les supporters de l'USMA ont continué sur leur lancée pour chanter de nouveaux textes dignes d'un véritable parolier. S'il est difficile de gérer les supporters, il faut comprendre qu'ils doivent bien se défouler. Autrefois, dans les années 1970, avant même que le match ne commence, les supporters d'El Harrach s'attaquaient à l'arbitre et au moment de l'entrée des joueurs de l'USSMMC, ils lançaient leur célèbre chanson en sourdine «Sem Sem Sem Weysemmouha Harrachia». Ceux de Belouizdad, plus calmes, s'exprimaient dans la langue de Molière et chantaient «Annoncez les couleurs, CRB la meilleure». Les jeunes plus méchants de l'Algérois de l'époque scandaient «L'arbitre à la poubelle». L'inspiration Les matchs entre le Mouloudia d'Alger et l'USMA inspiraient aussi les supporters qui d'un côté lançaient Aâla Chifoune pour embêter les joueurs du Mouloudia qui n'avaient pas les moyens de s'offrir une belle tenue et de l'autre, ceux du MCA qui ripostaient par Aâla Essiradj pour montrer à leurs adversaires qu'ils étaient des fils à maman. Pour embêter les joueurs du Nahd (Hussein Dey), certains lançaient aux joueurs Nasrya Khobza Trya. Dans les années 1970, lors des matchs le MCO et le MCA, aux oranais qui chantaient Eh El Baseklita, Goulou Gaâ El Baseklita, les petits rusés d'Alger leur répondaient Eh El Baseklitta, Nehiwelhoum Gaâ El Koletta. Les supporters du Mouloudia d'Alger, considérés à l'époque comme les plus virulents à côté de ceux d' El Harrach avaient osé répondre à ceux de l'USMB qui scandaient Alili Machi Ouchene par Ouled Sebâa Mya pour les raisons que l'on sait. Les Djidjéliens étaient connus pour Sfinentna âwema Waaw Waaw Wessayeg Tsalef, JSD la Meyor ou encore Khesrine Katslinkoum, Rabhine Katslinkoum ( si on perd, on vous tue, si on gagne, on vous tue). On raconte qu'un jour, les supporters constantinois du CSC avaient commencé le début du spectacle en insultant l'arbitre. Ils sont passés par la suite à l'équipe adverse puis, voyant leur équipe encaisser des buts, ils se sont mis à scander des chants contre leur club. Ne s'étant pas bien défoulés, les supporters du CSC ayant vu un héron passer au dessus du stade, se mirent tous à l'insulter sur un air musical connu Ya Bellaredj yalli Mateswachi. Le défoulement Les supporters des petits clubs ont aussi de l'inspiration et une façon particulière d'encourager leurs clubs. A Djendel, on entend toute la tribune vibrer avec Djendel Djendel Hay Hay. Il faut relever que mis à part certains dont les supporters de l'USMA qui sont très doués pour la poésie et la musique, certains supporters, notamment ces dernières années, abusent en optant pour les grossièretés, faute d'absence de clubs de supporters. Cela prouve par ailleurs qu'il vaut mieux laisser un supporter se défouler par les paroles, si possible belles, que de le lui interdire et le mener à casser des voitures à la sortie du stade. Il faut dire que de tous temps, les supporters ont repris certaines chansons dédiées au football et enregistrées par certains chanteurs. C'est le cas de Baloune Balouna de Rahma Boualem, Eh Ya Mohan ya Madame Serbi letey de Youcef Aouhid, Attilou Ezzalamite de Rabah Driassa ou Djibouha Ya Louled du groupe El Bahara. Il est temps de revenir à ce bon vieux temps.