Le temps est venu pour l'Algérie de se doter d'un autre modèle économique que celui basé sur les importations, estiment des chercheurs participant au colloque ''Le Sud, quelles alternatives ?'' ouvert mercredi à Alger. "L'échec de la tentative de construire le développement de l'Algérie à partir des investissements directs étrangers ainsi que sur la privatisation" a conduit à un gonflement des importations pour satisfaire les besoins de consommation du pays, a souligné dans une déclaration à l'APS, Abddelatif Rebah, économiste et ancien cadre du secteur de l'énergie. Selon lui, "les pressions locales et internationales qui se sont manifesté au début des années 1980 ont donné le signal d'une inflexion de la tentative de l'Algérie de parvenir à une stratégie de développement centrée sur les besoins du pays". M. Rebah présentera lors de cette rencontre une communication sur la déconstruction du projet libéral et de l'ouverture de perspectives en alternative à cette situation en Algérie. Son analyse est basée sur le fait que le pays dispose de ressources humaines importantes, en référence à la formation des nouvelles élites comme "les 60 000 diplômés de l'université de Bab Ezzouar, alors qu'en 1962, il y avait plus de 95 % d'analphabètes" en Algérie. Il cite également les ressources financières et naturelles qui constituent, a-t-il dit, "une chance pour l'Algérie car elles ont permis d'avoir une base industrielle dans la pétrochimie et dans le secteur de l'énergie en général". Mais il regrette le fait que le projet de développement qui a découlé de ces ressources ait été "abandonné", ce qui a ouvert la voie, face à l'absence de production locale, aux importations de marchandises et de services. De son côté, Hocine Belalloufi, écrivain et auteur de l'essai "Grand Moyen-Orient, guerre ou paix", souligne que l'Algérie a tenté "au cours des deux premières décennies de son indépendance de s'émanciper de l'impérialisme" sur la base de la politique industrielle poursuivie à l'époque avant que ce modèle ne soit remis en cause. M. Belalloufi estime que "la dépendance vis-à-vis des importations est le résultat d'une politique poursuivie depuis une trentaine d'années afin d'intégrer l'économie de l'Algérie à l'ordre impérialiste mondial". La même source souligne que "le pays est passé d'une économie basée sur l'industrie qui représentait 27% du PIB dans les années 1980 à environ 4% à l'heure actuelle, à une économie orientée vers les importations". MM. Rebah et Belalloufi estiment que le pays ne peut plus poursuivre sa marche dans cette voie et qu'il doit chercher des alternatives pour sortir de sa dépendance vis-à-vis des importations en s'appuyant sur ses ressources humaines, naturelles et financières.