Certains médicaments n'existent plus dans les pharmacies. Ce constat, fait par les patients, les praticiens de la santé et même certains responsables du ministère, vient d'être confirmé par le Conseil de l'ordre des pharmaciens, qui pointe du doit la tutelle. Selon le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, plus de 243 médicaments sont actuellement absents des rayons des officines du pays, en raison d'un retard de signature des programmes nécessaires à leur importation. Il souligne que des appels ont été lancés au ministère de la Santé, pour pallier rapidement aux ruptures pouvant avoir un impact «sur la santé publique de nos concitoyens». Intervenant hier, à l'émission L'Invité de la rédaction de la chaîne 3, M. Lotfi Benbahmed explique qu' «en dépit d'une augmentation de la population, ce sont les mêmes volumes de traitements qui sont reconduits, année après année, se révélant ainsi très largement insuffisants». Cette situation, constate-t-il, a obligé à creuser dans les stocks de sécurité, qui se sont, à leur tour, épuisés. Il met également en cause «des fabricants, qui ont demandé au ministère de protéger précocement des médicaments qu'ils étaient censés produire, à l'exemple des corticoïdes, alors qu'ils n'avaient pas commencé à le faire». Face à la répétition régulière de ces cas d'insuffisance, le Dr Benbahmed souhaite voir «la nouvelle loi sanitaire instituer définitivement un encadrement réglementaire pour lutter contre les ruptures». Pour cela, et afin d'éviter d'être contraint, chaque fois, à traiter dans l'urgence, dit-t-il, la signature d'avenants, prenant en compte les consommations mensuelles de traitements, dont les stocks peuvent assurer les besoins, jusqu'au 31 mars de chaque année, les programmes suivants ne commençant à être réalisés qu'à partir du mois de janvier. Parallèlement, ajoute-t-il, les programmes d'importation devraient prendre en compte la reconstitution des stocks stratégiques de médicaments, lesquels, précise-t-il, représentent à eux seuls, 25% de la facture. M. Benbahmed propose également, dans ce cadre, de mettre en place un tableau de bord, qui portera sur les éventuelles ruptures en médicaments, comme le font les pays développés. «Il y a toujours des différents types de ruptures. A savoir des ruptures dues à des origines réglementaires, d'autres dues au manque de la matière première, à la production, d'autres liées aux changements de prescriptions». Un site internet de gestion des médicaments, en octobre L'équation est très complexe, ajoute le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Il estime que «la solution est de mettre en place un outil informatique performant, sur lequel on travaille actuellement, et nous allons l'annoncer le 15 octobre prochain, dans le cadre des rencontres pharmaceutiques internationales. Un site internet sur lequel les pharmaciens pourront annoncer leurs ruptures en médicaments». De son coté, ajoute l'invité de la rédaction, le ministère de la sante doit instaurer un véritable tableau de bord, dans lequel les importateurs, producteurs, distributeurs et les officines, puissent déclarer leurs éventuelles ruptures des médicaments, les changements de prix et autres. Les augmentations de la facture d'importation sont justifiables Par ailleurs, le même intervenant a abordé les augmentations de la facture d'importation des médicaments. Il juge «justifiables», les augmentations répétées, enregistrées dans cette dernière, notamment dans celle des médicaments hospitaliers. Il explique que «l'augmentation peut apparaitre à la chronique». D'un coté on dit «il y a des ruptures, et d'un autre on parle d'une augmentation de la facture d'importation, et pourtant les prix baissent». Pour lui, «c'est la hausse démographique et l'augmentation importante de la facture des médicaments hospitaliers, surtout qu'après la mise en place du plan anti-cancer, ces causes ont fait une explosion des dépenses au niveau hospitalier, donc l'augmentation de la facture ne se fait pas dans les officines, mais au niveau des hôpitaux». «La PCH, qui dépensait 200 millions d'Euro auparavant, est à plus de 800 millions d'Euro», précise-t-il. Pour ce qui est des prix des produits pharmaceutiques pratiqués actuellement, M. Benbahmmed précise que «les produits enregistrés en Algérie sont parmi les moins chers dans le monde». Concernant la production locale, M. Benbahmed a rappelé que «les droits de nombreux produits sont tombés dans le domaine public, comme les génériques, et beaucoup de multinationales fabriquent des produits pharmaceutiques en Algérie. On arrive à plus de 50% des produits qui sont fabriqués localement en quantité, et environ 50% en valeur». L'intervenant n'a pas manqué de dire, sur ce plan, que certains producteurs nationaux souffrent d'une non-rentabilité, car il existe même des prix qui n'ont pas été révisés à la hausse depuis plus de 15 ou 20 ans. Pour lui, il est nécessaire «de mettre en place un nouveau décret pour l'Agence nationale du médicament dans la nouvelle loi sanitaire, de façon qu'il permettra plus de cadres, plus d'expertise».