Abderrezak Makri reprend ses interventions dans le débat autour de l'élection présidentielle. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a, en l'espace de 24 heures, posté deux déclarations sur son compte facebook, pour s'attaquer aux réformes que voudrait mener le pouvoir, et surtout à ceux qui veulent pérenniser le système en place. Dans la soirée de samedi, le chef du parti islamiste a estimé que «rien ne garantit la concrétisation des réformes politiques que promet la Présidence, que lorsqu'il y a consensus entre le pouvoir et l'opposition». Ne désespérant pas de voir son initiative de conférence de consensus et de report de l'élection présidentielle trouver son chemin, Makri veut amener le président de la République à s'impliquer lui-même dans cette opération. «Si le président de la République ne s'emploie pas, à la fin de son mandat, à convaincre les vraies composantes de l'opposition ayant une présence sur le terrain, de la sincérité de son intention de mener de profondes réformes garantissant une compétition politique et électorale transparente, en mettant fin à l'ère de la corruption et de l'échec, tous les projets dus pouvoir (cinquième mandat, prolongation ou report) n'auront aucune crédibilité», a-t-il écrit. Abderrezak Makri ne s'arrête pas là, accusant ceux qui «auront fait manquer» l'occasion à l'Algérie, d'être responsables de ce qui peut arriver, avec «une imminente faillite économique et financière». Ici, le président du MSP n'identifie pas sa cible. Mais, hier, il est revenu à la charge pour s'attaquer à l'entourage du président Bouteflika, à ses soutiens et à une partie de l'opposition qui ne partage pas l'idée d'un report du scrutin pour tenir une conférence de consensus. Makri, dans une publication des plus virulentes, s'est permis de sonner la fin du pouvoir du Président Abdelaziz Bouteflika, alors que le quatrième mandat de ce dernier n'est pas encore arrivé à terme. «L'ère du ‘'bouteflikisme'' est terminée!», a-t-il écrit, estimant que dans tous les cas de figure, c'est-à-dire le report, le prolongement ou le maintien de l'élection à son délai, le règne du chef de l'Etat est finissant. «Quelles qu'en soient les options, il est dans ses derniers temps», a-t-il soutenu. A cette «fin», Makri distingue trois groupes aux objectifs différents. Le premier est celui «des corrompus, des laïco-extrémistes, des opportunistes et des assoiffés de pouvoir» qui, selon l'analyse du chef du MSP, «veulent l'hériter (de l'ère de Bouteflika, Ndlr), même au détriment de l'Algérie et des Algériens». Le second est composé, toujours d'après Makri, «des naïfs, des impatients, des crispés et des revanchards qui veulent en finir même contre leurs propres aspirations et contre leur pays». Alors que le troisième, et bien sûr, c'est le groupe dont il fait partie, renferme «les patriotes sincères et conscients (qui) veulent y mettre fin au profit de la patrie et du citoyen, même aux dépens de leurs propres ambitions, et en prenant de grands risques». Après une éclipse qui aura duré près d'une semaine, avant et après la tenue du Conseil des ministres, le 27 décembre dernier, Abderrezak Makri relance donc le débat autour de la présidentielle, mais cette fois-ci, en usant d'une rare virulence. D'ailleurs, l'on peut facilement comprendre que dans sa publication d'hier, il s'attaquait frontalement à Ahmed Ouyahia à qui, certains prêtent l'ambition de succéder à Bouteflika (1er groupe), mais aussi à des acteurs de l'opposition (2e groupe), qui tiennent à l'organisation de l'élection en avril prochain.