A la veille de l'élection présidentielle du 18 avril prochain, le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, reconnaît que son instance n'a pas les prérogatives suffisantes pour assurer l'organisation d'une élection transparente. Invité hier au forum d'El Moudjahid, il a souligné que la loi n'accorde pas suffisamment d'attributions à l'instance, soulignant que la création de l'instance est une bonne chose pour un processus graduel de mise en place des instruments, à même d'organiser des élections propres dans le futur. «C'est la première fois qu'une telle instance existe. Il faut aller graduellement de l'avant. Notre objectif suprême est d'avoir des élections intègres», a-t-il indiqué, tout en précisant que, du point de vue de la loi, son instance, la justice et l'administration, ont pour mission de garantir la transparence des élections. «La loi et la constitution consacrent l'indépendance de la HIISE. Mais une indépendance par rapport à qui ? L'Instance est indépendante de l'administration, de la Justice et des partis, mais elle n'est pas indépendante de l'Etat. C'est l'une des institutions de l'Etat», a-t-il expliqué, affirmant que l'instance n'est tenue que par la loi, et qu'elle est impartiale. Mais a-t-elle les moyens pour assurer le processus électoral ? «On ne prétend pas avoir ce qu'on n'a pas, et on ne peut pas être la tutelle des autres», a-t-il répondu. L'invité du quotidien El Moudjahid trouve que même sans suffisamment de prérogatives, son instance a pu jouer un rôle positif lors des dernières élections locales et législatives. «Pour la première fois, il n'y avait pas de majorité absolue lors des dernières élections législatives et locales. L'instance en a joué un rôle, et même des partis qui ont l'habitude de gagner les élections se sont plaints (de fraude)», a-t-il lancé. Abordant la question du fichier électoral, Abdelouahab Derbal a indiqué que son instance en fera un axe majeur de son travail durant les années 2019 et 2020. Selon lui, il y a plusieurs lacunes dans le corps électoral. Il cite, à titre d'exemple, le cas de personnes nées en 1900 et qui sont inscrits sur les listes électorales, regrettant que ni son instance ni aucune autre partie ne peut les supprimer. «La loi ne nous permet pas de supprimer leurs noms. Il faut que leur famille déclarent d'abord leur décès pour qu'ils soient supprimés du fichier électoral», a-t-il indiqué. L'orateur a insisté sur la nécessité d'assainir le fichier électoral, affirmant que plus ce fichier est propre, plus les résultats des élections seront propres, notamment en ce qui concerne le taux de participation. Interrogé sur la profusion des déclarations d'intention de candidature (le nombre a atteint près de 140 personnes), le président de la HIISE s'est interdit de faire sa lecture politique, tout en défendant le droit et la liberté de chaque citoyen qui répond aux exigences, de la loi de se porter candidat. «C'est une question des libertés consacrées par la Constitution et la déclaration universelle des droits de l'homme. On ne peut pas restreindre ce droit, mais s'il y aura une demande populaire pour changer la loi et donner leur valeur politique aux élections, il faudra alors changer», a-t-il souligné, appelant l'élite à jouer son rôle d'encadrement de la société. Concernant le décès du président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, M. Derbal a affirmé qu'il n'aura aucune incidence sur le déroulement de l'élection présidentielle. Il a rappelé que son successeur doit être désigné dans un délai ne dépassant pas 15 jours qui suivent la notification du décès au président de la République.