Dans la nuit de jeudi à vendredi, les urgences de l'hôpital de Douéra à Alger ont connu des scènes horribles. Des jeunes munis d'armes blanches se sont introduits à l'intérieur de l'établissement pour agresser le personnel médical. Le phénomène des agressions des personnels médical et paramédical prend des proportions alarmantes, et les pouvoirs publics restent passifs devant cette montée de violences au sein des structures de santé. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les urgences de l'hôpital de Douéra à Alger ont connu des scènes horribles. Des jeunes munis d'armes blanches se sont introduits à l'intérieur de l'établissement pour agresser le personnel médical. Sept personnes ont été arrêtées et 13 armes blanches saisies par les services de Sûreté de la wilaya d'Alger. L'affaire a été traitée par les services de Sûreté de la circonscription administrative de Draria, suite au signalement d'une rixe survenue au niveau de l'hôpital de Douéra. Les services de police se sont immédiatement rendus sur les lieux pour procéder à l'arrestation de 7 suspects. Après finalisation des procédures légales, les mis en cause ont été présentés devant le procureur de la République territorialement compétent. Cette situation que subit le secteur de la santé devrait interpeller le gouvernement afin de prendre les mesures nécessaires pour la préservation du service public, mais aussi de la dignité des travailleurs du secteur exposés à la violence. Depuis le début de l'année 2019, quatre cas de violences graves ont été enregistrés au niveau de structures de santé sis à Alger (Douéra et Béni Messous et deux autres à Béjaïa). Force est de constater qu'il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu'on entende parler d'un médecin ou autre infirmier en poste, agressé physiquement, ou qu'un malade ou son accompagnateur soit maltraité par des travailleurs de la santé. Pour le personnel médical et paramédical victime des agressions, il devient urgent de renforcer la sécurité des hôpitaux. Pour comprendre les raisons d'une telle violence, nous avons interrogé Lyes Merabet, président du Syndicat National des Praticiens de la Santé Publique (SNPSP). Ce dernier a déploré que «ces actes sont devenus plus fréquents envers des médecins et des paramédicaux, plus que jamais exposés au risque d'agression dans les différentes structures de santé». «Aujourd'hui, c'est toute notre société qui est violente. Mais cette violence s'explique aussi par les problèmes sociaux auxquels font face quotidiennement les citoyens. N'empêche, l'acte d'agresser un médecin, un agent, un paramédical ou même un malade ou son accompagnateur, est condamnable», a-t-il expliqué. Notre interlocuteur s'est dit outré par la mauvaise gestion du secteur et blâme les autorités. «Nous avons interpellé les pouvoirs publics depuis des années, mais sur le terrain, la situation se complique davantage», a-t-il estimé. Mettant en avant les conditions difficiles dans lesquelles exercent les praticiens de la santé pour prendre en charge les malades, (manque de structures d'accueil, disponibilité de médicaments, moyens humains et matériels), Merabet a expliqué que c'est dans ces conditions que les praticiens se font tabasser, agresser, menacer et insulter. Soulignant que la quasi-totalité de ses actes sont enregistrés durant la nuit, le personnel se trouve dés-armé et désemparé devant cette violence, a-t-il souligné. Merabet a estimé par la suite qu'il faudrait une refonte de tout le système de santé connaissant une crise multiforme. La direction est responsable ! De son côté, le secrétaire général du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Lounès Ghachi, n'hésite pas à montrer du doigt la responsabilité du ministère de la Santé. «C'est inadmissible qu'un groupe de malfaiteurs armés jusqu'aux dents vienne agresser médecins, infirmiers et agents», a-t-il commenté. Et d'ajouter : «c'est l'administration qui en est responsable». «Le laisser-aller total des autorités a fait qu'aujourd'hui, les médecins du secteur public sont livrés à eux-mêmes», a-t-il souligné. Pour lui, l'administration doit faire face à ses responsabilités en mettant en place des mesures d'urgence pour limiter les actes de violence et sécuriser les personnels de la santé en renforçant la sécurité des pavillons par des éléments de la police. La situation est jugée à la fois grave, regrettable et inadmissible. La violence dans les hôpitaux algériens est devenue un véritable fléau qui infecte la vie professionnelle des personnels de la santé.