Des assemblées générales d'étudiants se sont tenues dans plusieurs universités, à l'instar de celles de Bouira et de Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou, pour décider des prochaines actions à entreprendre pour contrecarrer Hadjar. La décision du ministre de l'Enseignement supérieur Tahar Hadjar d'avancer et de rallonger les vacances de printemps dans les universités de 26 jours n'a pas été pour plaire aux étudiants ni aux enseignants. Vécue comme une «provocation» et une tentative de «musellement de l'université algérienne», fortement mobilisée contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, les étudiants et leurs enseignants ont rejeté la décision de Hadjar. Des assemblées générales d'étudiants se sont tenues dans plusieurs universités, à l'instar de celles de Bouira et de Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou, pour décider des prochaines actions à entreprendre pour contrecarrer Hadjar. L'annonce de la fermeture des résidences universitaires, du transport et de la restauration n'ont fait qu'accentuer le sentiment de mépris à l'encontre des étudiants. En réponse, plusieurs rassemblements ont été tenus dans l'enceinte universitaire au niveau national. D'autres ont choisi de sortir dans la rue et marcher pour exprimer leur inflexibilité et leur mobilisation contre une réélection de Bouteflika. La première réaction à cette annonce a commencé sur les réseaux sociaux, où les étudiants et même les enseignants universitaires ont été nombreux à appeler à occuper les facultés. A l'USTHB de Bab Ezzouar, le plus grand campus d'Algérie, les étudiants se sont rassemblés hier matin pour protester contre la décision du ministre chargé du secteur. D'autres messages unanimes ont appelé à organiser des marches d'étudiants à travers tout le pays ce mardi 12 mars. Un nombre important d'étudiants a observé un rassemblement devant la Grande Poste à Alger. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a, par le biais d'un communiqué rendu public samedi soir, dénoncé «la décision unilatérale» prise la matinée par le ministère de tutelle concernant l'aménagement des vacances universitaires de printemps. Il est même allé jusqu'à appeler le ministre Tahar Hadjar à démissionner. D'autres enseignants, dont Louisa Ait Hamadouche, ont rendu public un communiqué. Intitulé «Manœuvre malheureuse du ministère de l'Enseignement supérieur. Fermeture des universités pour empêcher la poursuite de la protestation», les signataires du document ont qualifié l'instruction de Hadjar d' «illégale». «Encore une fois, face à la protestation sans précédent des Algériens, les gouvernants se rendent coupables d'une décision illégitime en fermant les universités avant la date prévue pour les vacances universitaires», a-t-on écrit. «Il s'agit d'une manœuvre obsolète, voire ridicule, à travers laquelle il montre son mépris pour la jeunesse de son pays et son aveuglement face à la maturité politique dont elle a fait preuve depuis le début du mouvement de protestation», a-t-on estimé. Le recteur de l'université de Tizi Ouzou et celui de l'université de Boumerdès ont pour leur part sévèrement critiqué cette décision surprise, en affirmant qu'ils ne la respecteront pas. La qualifiant d'anti-pédagogique, le recteur de l'université Mouloud Mammeri, le Pr Ahmed Tessa, s'est démarqué publiquement de la décision du MESRS d'avancer de façon unilatérale la date des vacances de printemps. Tessa a annoncé que «les enseignants et les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou poursuivront leurs programmes pédagogiques selon le calendrier initialement tracé afin de rattraper déjà le retard cumulé». Tessa a déclaré que «l'aspect pédagogique prime sur toute autre chose», indiquant qu'il réunira dès dimanche les doyens des facultés pour veiller au respect du calendrier initialement tracé. L'ONOU fait machine arrière Pour sa part, la direction des œuvres sociales s'est rétractée en annonçant que les prestations liées à l'hébergement, la restauration et le transport seront assurés pour les étudiants jusqu'à la date initiale de départ en vacances de printemps le 21 mars prochain en dépit de l'avancement de ce délai pour demain dimanche. Dans une note «urgente» diffusée sur sa page Facebook, cet organisme a annoncé que «la restauration et le transport continueront à être assurés».