Depuis le début des manifestations, les sections syndicales se démarquent les unes après les autres des positions officielles du patron de l'UGTA, annonçant l'adhésion à la contestation. Depuis le début de la contestation du cinquième mandat, suite à l'annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle du 18 avril prochain, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Said, se mure dans le silence. Alors que plusieurs sections syndicales ont affiché leur opposition aux positions de la direction de la Centrale syndicale, le patron de l'UGTA reste loin des radars. Aucune réaction, ni par rapport aux manifestations contre le cinquième mandat, ni par rapport à l'hémorragie qui touche son syndicat. Une chose est sûre : pour Abdelmadjid Sidi Said, son autorité est de plus en plus contestée avec des retraits de confiance et des appels à son retrait. Il vit probablement les plus mauvais jours de sa carrière à la tête de l'UGTA. Hier, un rassemblement a eu lieu devant le siège de la Centrale syndicale pour exiger le départ de Sidi Said et contester ses positions, notamment le soutien du cinquième mandat. Avant-hier, les rumeurs l'annonçaient démissionnaire mais rien n'est confirmé. Depuis le début des manifestations, les sections syndicales se démarquent les unes après les autres des positions officielles du patron de l'UGTA, annonçant l'adhésion à la contestation. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, pas moins de 20 syndicats ont affiché leur opposition aux positions de l'UGTA et ont retiré leur confiance à Abdelmadjid Sidi Said. Il s'agit des syndicats Naftal GPL, Education, Formation professionnelle, Santé, Travaux publics, ADE, ONA, Algérie Télécom, Algérie Poste, Œuvres universitaires, ERIAD, ORAC, Sonelgaz, ONAPH, ENEL, l'IATIT, OPGI, BADR, Chemiserie LNI, Protection civile, Syndicats des artistes, les représentants des comités des retraites et le Comité des femmes travailleuses. «Les syndicats de la wilaya de Tizi Ouzou se sont positionnés clairement contre le 5e mandat, demandent le départ du système. (…) et décident du retrait de confiance au SG de la centrale Sidi Said (…) ; ils demandent son départ immédiat et sans condition», ont-ils souligné dans un communiqué. L'union locale de UGTA de la zone industrielle de Rouiba, l'une des plus importantes du pays, a également pris ses distances, annonçant son soutien au mouvement populaire contre le 5e mandat. «Les travailleurs saluent le caractère pacifique, fraternel et responsable des manifestations. Ne pouvant rester en marge des aspirations populaires profondes qui s'expriment, nous joignons nos voix pour dire oui à un changement du système. Un système qui préserve la propriété inaliénable du peuple sur les richesses naturelles de la nation, réhabilite le rôle de l'Etat dans le développement économique et social et la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Un système qui se démarque des oligarchies et revalorise la valeur du travail et qui place l'homme au centre du développement. Un système qui garantit les libertés individuelles, collectives et le libre exercice du droit syndical», a déclaré le syndicat dans un communiqué. Plusieurs autres sections syndicales de l'UGTA dans d'autres wilayas du pays se sont démarquées du soutien au cinquième mandat, rejoignant le peuple dans sa quête de changement du système politique. Avec toutes ces défections, l'UGTA connaît l'une des crises les plus importantes de son histoire. C'est une véritable fissure, et le patron, de plus en plus contesté, s'isole chaque jour davantage.