La lutte contre la corruption engagée par la justice depuis quelques mois, a permis la mise en détention provisoire de nombreux hauts responsables de l'Etat dont deux ex-premiers ministres et des hommes d'affaires. La machine juridique mise en branle, plusieurs têtes sont tombées et la liste risque d'être longue. La corruption dont l'ampleur est beaucoup plus importante qu'on puisse l'imaginer, a entraîné la faillite et l'effondrement de l'Etat. La raison pour laquelle, la récupération de l'argent public transféré illicitement à l'étranger devient une nécessité et devrait être une priorité pour les autorités publiques étant donné que l'économie nationale a franchi une étape très sensible. A cet effet, l'Office central de la répression de la corruption (OCRC), à l'Ecole de magistrature de Koléa, a organisé hier une journée d'étude consacrée à la lutte contre la corruption et la protection de l'économie nationale. Intervenant lors de cet évènement, le ministre de Justice Slimane Brahimi, a fait savoir que lutter contre la corruption demeure «une action insuffisante si au final les biens publics dilapidés ne sont pas recouverts». Il assurera que «nous allons poursuivre la voie empruntée jusqu'à assèchement des sources de la corruption, et dévoiler les manipulations et tous ceux impliqués dans la corruption à travers l'enrichissement illicite, et ce, en vue aux attentes du peuple». S'exprimant sur les modalités permettant de recouvrir ces deniers publics, le ministre a souligné l'existence de conventions internationales avec des pays lui permettant d'envisager un partenariat entre la justice algérienne et ses homologues en international, sans pour autant s'étaler sur le sujet. Pour sa part, Djilali Hadjadj, président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, est resté sceptique quant à la possibilité de récupération de l'argent volé, mettant en avant «la réticences» des Etats où cet argent dort. Djilali Hadjadj a estimé que «pour procéder à la restitution de ces avoirs, ceci exige la mise en place d'une stratégie spéciale, ainsi que la ratification d'autres conventions pour les restituer». Selon lui, la procédure démarre par l'introduction d'une demande de gel de ces avoirs, ensuite les identifier d'où et comment sont-ils transférés. Il avancera aussi, que cette démarche nécessite une réelle volonté politique se traduisant par la mise en place d'une stratégie afin d'appliquer la convention des nations unies sur la lutte contre la corruption signée par l'Algérie en 2004. Sachant que ceci prendra du temps, Hadjadj a suggéré «de se rapprocher des gouvernements des pays concernés». Il notera que la convention des Nations Unies, traite le cas des transferts illégaux des avoirs vers l'étranger. Le président de l'association de lutte contre la corruption a accusé les banques françaises installés en Algérie de «faciliter et alimenter les comptes bancaires des dignitaires algériens en France». «Des banques qui sont connues par leur implication dans la corruption internationale», a-t-il ajouté. L'invité de la radio a indiqué aussi qu'il est important que l'Algérie signe d'autres conventions. «L'Algérie n'a pas voulu ratifier les conventions de lutte contre l'évasion fiscale, et lutte contre les paradis fiscaux, qu'elle doit désormais le faire». Selon lui, cette volonté de restitution, nécessite à ce que «l'Algérie doit donner des assurances pour les pays concernés pour s'assurer leur collaboration». De sa part, l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie Abderrahmane Hadj-Nacer s'est montré catégorique dans son intervention de dimanche, dans la même émission. «L'Algérie ne pourra jamais récupérer son argent fuité illégalement à l'étranger par des dignitaires algériens», Pour cause : «dans les affaires de corruption, nous n'avons jamais entendu d'un Etat ayant restitué l'argent volé au pays voler». Jusqu'à aujourd'hui, seuls les Suisses se sont dits prêt à collaborer en bloquant les comptes du clan Bouteflika.