La communauté internationale a unanimement condamné l'assassinat avant-hier du président de Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, et appelé au respect de l'ordre constitutionnel, notamment les responsables africains inquiets de la multiplication des coups de force sur le continent. De nombreux appels au respect de la Constitution ont été lancés, notamment par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui a appelé «au calme et à la retenue», demandant aux autorités de «maintenir l'ordre constitutionnel» et d'«enquêter de façon exhaustive sur ces assassinats et à traduire en justice leurs responsables». Le président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a «condamné fermement» un acte «grave» et le Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine a été convoqué pour une réunion extraordinaire hier. «C'est la démocratie qu'on assassine», s'est emporté le secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Mohamed Ibn Chambas. Un porte-parole de l'armée a d'abord affirmé que le chef de l'Etat avait été abattu par des «militaires proches du chef d'état-major», avant d'assurer que les deux assassinats étaient sans lien et qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat. «Les informations faisant état d'un coup d'Etat sont des spéculations», a confirmé le secrétaire exécutif de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), Domingos Simoes Pereira. «C'est dramatique de constater qu'en l'espace de si peu de temps, nous enregistrons un troisième coup d'Etat en Afrique de l'Ouest», a néanmoins commenté M. Ping, en référence aux putschs militaires de 2008 en Mauritanie et en Guinée-Conakry. Le Portugal, ex-puissance coloniale, ainsi que la CPLP, ont «condamné avec véhémence» l'assassinat du président Vieira. Même dénonciation de la part de l'Union européenne (UE), de la Francophonie, des Etats-Unis, de la France. Les représentants de la communauté internationale, qui ont aussi vivement dénoncé l'attentat contre le chef d'état-major, ont insisté sur la nécessité d'une succession respectueuse de l'ordre constitutionnel. Condamnation «vigoureuse» de l'Algérie L'Algérie a condamné «avec la plus grande vigueur» l'assassinat du président de Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, et du chef d'état-major de l'armée et appelé au «respect» de la Constitution : «D'odieux assassinats qui mettent en péril la stabilité et la sécurité dans ce pays frère déjà fragilisé par une série de crises successives», par la voix du porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères qui «appelle tous les acteurs de la scène politique nationale et toutes les institutions à faire preuve de retenue pour assurer au pays une transition, dans le respect des dispositions de la Constitution afin d'épargner au peuple frère de Guinée-Bissau de nouvelles épreuves». La même source affirme que face à ces crimes politiques, l'Algérie, en sa qualité de membre du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine, «œuvrera avec intransigeance pour la mise en œuvre pleine et entière des termes de la décision d'Alger, de la déclaration de Lomé et de l'acte constitutif de l'Union africaine condamnant et rejetant tout changement anticonstitutionnel».