Les forces armées de République démocratique du Congo ont repoussé lundi les attaques lancées contre l'aéroport, une caserne et le siège de la télévision publique de la capitale Kinshasa, attaques qui, selon les autorités, semblent avoir été l'œuvre de partisans du chef religieux Paul Joseph Mukungubila. "Nous avons la situation totalement en main", a déclaré à Reuters le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information Lambert Mende, selon lequel 40 des 70 assaillants ont été tués à Kinshasa. "Les agresseurs se sont présentés comme des partisans de Mukungubila. Nous vérifions l'information, car on cherche peut-être à nous duper", a-t-il dit en ajoutant qu'aucun soldat ni aucun civil n'avait été blessé dans les affrontements. Peu après les combats de Kinshasa, une fusillade a éclaté entre des militaires et des partisans de Mukungubila dans la province du Katanga, à plus de 2.400 km au sud-est de la capitale, non loin de la frontière avec la Zambie. Les tirs ont éclaté alors que des soldats attaquaient l'église de Mukungubila dans la capitale du Katanga, Lubumbashi, où le calme est vite revenu. A Kinshasa, les hommes en armes ont brièvement pris le contrôle du siège de l'audiovisuel public, prenant en otages plusieurs journalistes. Des témoins ont fait état aussi de tirs dans le camp militaire de Tshatshi, près du ministère de la Défense, mais aussi à l'aéroport de Ndjili dans les faubourgs de Kinshasa. "UNE AVENTURE SANS LENDEMAIN" Avant l'arrêt des transmissions de la télévision publique, des hommes en armes ont hurlé un message politique orienté contre le régime du président Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père Laurent-Désiré. "Gideon Mukungubila est venu pour vous libérer de l'esclavage des Rwandais", déclaraient-ils dans leur message. Gideon est le surnom utilisé par les partisans de Mukungubila, qui se fait appeler aussi le "prophète de l'Eternel". Il a été candidat à l'élection présidentielle en 2006, lors de laquelle Joseph Kabila a remporté un nouveau mandat. Le "prophète de l'Eternel", connu pour son hostilité envers l'accord de paix signé ce mois-ci avec les rebelles tutsis du M23 dans l'est de la RDC, accuse le gouvernement congolais d'avoir cédé devant les intérêts des Tutsis et les pressions du Rwanda voisin. Dans le centre de Kinshasa, les rues sont restées désertes lundi et les commerçants ont fermé boutique au moment des événements. "C'était une aventure sans lendemain. Impossible d'espérer s'emparer de la ville de Kinshasa avec ce que nous avons vu ici", a déclaré Jean-Pierre Kambila, l'un des conseillers politiques de Joseph Kabila.