Le recours au charlatanisme et à la sorcellerie prend des formes différentes à Constantine. Ce n'est plus le marabout avec sa grande barbe et sa djellaba qui reçoit dans une pièce sombre pleine d'objets mystérieux, c'est plutôt le charlatan des temps modernes. Bien habillé, bien rasé, beau parleur qui s'attaque aux faibles d'esprit dans un climat serein, prétendant la guérison de toutes les maladies. Les nouveaux arnaqueurs s'autoproclament guérisseurs et s'adonnent à des pratiques communément connues comme étant de la magie noire. Si l'on a tendance à croire que l'essentiel de cette clientèle est composé de la gent féminine, il n'en demeure pas moins que les hommes aussi s'intéressent aujourd'hui de près ou de loin à ces pratiques. Ainsi, la hidjama (scarification) à Constantine a pris de l'ampleur ces dernières années. Elle passe pour être un acte de purification, puisque les «patients» sont vidés d'une partie de leur sang (mauvais sang) au niveau du dos, parfois de la tête, par le «chirurgien» à l'aide d'un simple rasoir après avoir concentré ce même sang avec un procédé simple. Il s'agit de l'effet ventouse que ces «praticiens» obtiennent grâce à un verre et de la fumée. Cette opération terminée, l'on fait croire au client qu'il a été définitivement purifié du mauvais sang, et donc du mauvais œil. Cette pratique dénoncée par les médecins constantinois trouve un succès auprès de certains citoyens. Sur un autre registre, l'imam de la grande mosquée Emir Abdelkader de Constantine ne cesse de répéter que des citoyens de différentes couches sociales, y compris des notables de la ville et des régions limitrophes, lui rendent régulièrement visite pour les besoins d'une rokia (exorcisme). Mais le traitement par le Coran (rokia) ne peut être une alternative aux maladies dont les remèdes sont connus et prodigués par le médecin. Des campagnes de sensibilisation sont organisées régulièrement pour lutter contre les fausses idées et le charlatanisme sous toutes ses formes. D'ailleurs, à chaque session criminelle à la cour de Constantine, l'on enregistre une ou deux affaires liées à la sorcellerie. Pourtant, l'article 372 du code pénal pénalise les dégâts occasionnés par le recours à ce genre de pratique. Le sorcier ou le charlatan, rendu coupable de dommages physique ou moral sur autrui, est passible d'une peine de 5 ans de prison.