Les Algériens résidents de Belgique continuaient mardi de voter à Bruxelles pour l'élection présidentielle de jeudi où sont en course six candidats, avec en tête l'autre grande échéance, sportive celle-là: la phase finale de la coupe du monde au Brésil. ''Moi je suis venu voter. C'est quelque chose d'important pour nous ici'', affirme un électeur de Bruxelles, l'oreille tendue pour capter quelques bribes d'une discussions animée autour des chances de qualification de l'équipe algérienne de football au second tour du mondial brésilien. Fatalement, dans la grande salle du siège du consulat d'Algérie à Bruxelles, rue d'Edimbourg, où se déroule le scrutin pour les habitants de Liège, Charleroi, Mons, Gand et le Grand Duché du Luxembourg, les retrouvailles entre Algériens de Wallonie et de Flandres et ceux de Bruxelles tournent autour d'un sujet important : la participation des Verts au mondial brésilien. ''Nous, nous avons toutes nos chances'', laisse tomber Ali, chauffeur-livreur dans la région wallonne, vite bloqué par Brahim, l'homme providentiel pour les Algériens de Bruxelles, pour qui ''une bonne participation, honorable, c'est tout ce qu'on demande à nos gars''. Entre deux bulletins de vote glissés dans l'urne au milieu d'une ambiance très décontractée, la discussion s'anime: ''il faut en tout cas que les nôtres fassent un bon résultat face aux Belges, le reste peu importe'', estime Karim. Et puis fatalement, la discussion tourne sur les conditions de vie des Algériens, qui eux aussi, ont senti passer la crise économique qui a touché la Belgique, au même titre que beaucoup de pays européens, dont l'Espagne et la Grèce. La communauté algérienne de Wallonie est socialement plus à l'aise que celle de la région flamande'', explique Brahim, qui précise que pour la Wallonie, ''il y a seulement 5% de chômeurs au sein de la communauté (algérienne) contre 30-35% pour celle vivant dans la région flamande''.
Dures conditions de vie La Wallonie (nord) est en fait plus entreprenante, avec des PME plus dynamiques que celle flamande (sud), avec un rebond de la croissance économique. Dimanche, le Premier ministre issu de l'immigration italienne du début du siècle dernier, Elio Di Rupo, avait vanté la "recette belge" en matière économique et sociale, qui a permis à la Belgique de traverser la crise "mieux que beaucoup d'autres pays européens". Pour autant, ''la communauté nationale a été directement touchée par cette crise économique qui a duré un peu plus de deux années, et particulièrement celle des Flandres avec d'importants dégraissages de personnels sur le sillage de gros problèmes financiers des grandes entreprises'', explique-t-on à Bruxelles. D'autant que cette région est connue pour ''abriter une importante communauté d'immigrés, dont les Italiens qui ont la haute main sur les opportunités d'emplois dans la région'', ajoute Brahim, selon lequel ''les Algériens de Wallonie, qui exercent dans des professions libérales ou sont des universitaires, ont été moins touchés par la crise économique qui a laminé le pays et précipité le départ du gouvernement Leterme II en avril 2010''. La communauté algérienne en Belgique et au Grand Duché de Luxembourg est moins importante (31.000 personnes immatriculées) que les autres communautés africaines ou européennes du sud. 17.635 électeurs sont inscrits sur les listes électorales du Consulat général à Bruxelles. Mohamed Bounekhla, 82 ans, ancien moudjahid, fait descendre tout le monde sur terre. ''Moi, en tout cas, je suis venu voter pour la paix, la sécurité et la prospérité de mon pays. Peu m'importe qui sera élu du moment qu'il va travailler pour le pays'', laisse-t-il tomber en saluant ''les anciens'' de sa canne et sort avec un pas tranquille du bureau de vote de Bruxelles, avec le sentiment du devoir accompli. Il revient et lance: ''ajoutes ceci, que Dieu préserve notre pays de ses ennemis''.