Xavi a dicté le tempo de l'Espagne ces dernières années mais la terrible fausse note des champions du monde face aux Pays-Bas au Mondial (5-1) a alimenté les critiques sur son âge, 34 ans, auxquelles le maestro doit répondre dès mercredi face au Chili. Comme les autres Espagnols, Xavi Hernandez a perdu pied vendredi à Salvador. Après une première période globalement maîtrisée, le but égalisateur de Robin Van Persie (44) a brusquement déréglé la partition de la Roja, qui a sombré après la pause, ses milieux de terrain se montrant même incapables de tenir le ballon, un comble pour les rois du "toque" et de la possession de balle. "C'est la défaite la plus difficile de ma carrière, a réagi Xavi. C'était vraiment un mauvais match. Une débâcle. Nous avons tout fait de travers". Les Espagnols ont aussitôt plaidé la thèse de l'accident mais le mal était fait: la faillite de certains cadres, comme Xavi ou le gardien Iker Casillas, 33 ans, a aussitôt ravivé le débat sur le manque de renouvellement d'une sélection dont 16 des 23 membres étaient déjà présents au sacre mondial en Afrique du Sud en 2010. Manque de fraîcheur physique? Manque d'envie? Le sélectionneur Vicente del Bosque avait lui-même reconnu, il y a quelques semaines, que "les yeux de certains joueurs, après avoir autant gagné, ne sont pas les mêmes que lorsqu'ils ont commencé". Pour autant, il est sans doute présomptueux d'enterrer trop vite une sélection qui a dominé la planète football en remportant l'Euro-2008, le Mondial-2010 et l'Euro-2012. Et Del Bosque a fermement défendu samedi son choix d'avoir reconduit le noyau dur des conquêtes passées. Henry: 'Xavi, c'est Dieu' "Nous les avons emmenés parce que nous étions convaincus qu'ils sont les meilleurs, a-t-il asséné. J'ai la sensation qu'ils ne sont pas âgés (...) Ils ont la maturité nécessaire pour affronter encore le défi que nous avons face à nous mercredi". Des matches couperets comme face au Chili, Xavi en a disputé un certain nombre au fil de 133 sélections, et même s'il n'a jamais obtenu le Ballon d'Or, le maître à jouer du Barça est un artiste de la passe presque sans égal. "Xavi, pour moi, c'est Dieu", a résumé dans une interview à Marca le Français Thierry Henry, son ancien partenaire à Barcelone. Il n'est pas dit que le divin Catalan finisse sa carrière au Barça. Luis Enrique, nouvel entraîneur blaugrana, s'est montré sibyllin au sujet de son avenir, lâchant qu'il faudrait "en parler" avec lui. Des informations de la chaîne qatarie beINsport ont d'ailleurs fait état d'un possible départ au Qatar à l'intersaison. Mais auparavant, Xavi a un beau défi à relever: prouver que malgré le temps qui passe, il conserve plus que de beaux restes. "Nous voulons démontrer que cette équipe peut obtenir des choses dans ce Mondial, a-t-il souligné. C'est difficile, parce que nous avons vraiment chuté de manière retentissante. Je demande aux gens de nous soutenir mercredi, parce que nous jouons gros: nous pouvons repartir à la maison. Ce sera une question de vie ou de mort". Et il serait triste, très triste, qu'un artiste de cette envergure tire sa révérence en Coupe du monde sans un dernier récital.