Si lors du 1er festival panafricain de 1969, le grand révolutionnaire Nelson Mandela était cité comme le grand absent de la manifestation, cette fois, c'est «Mama Africa» qui ne sera pas de la fête. iryam Makeba, surnommée «Mama Africa», dont l'étoile a brillé tout au long du premier festival panafricain, ne sera pas de la fête cette fois, car le destin en a décidé autrement. Le symbole de la chanson africaine, la grande ambassadrice est décédée le 9 novembre 2008, à quelques mois de ce grand rendez-vous qu'elle aurait aimé animer comme elle l'a fait il y a quarante ans. Au moment où beaucoup de pays d'Afrique n'avaient pas encore arraché l'indépendance, dont le sien, Makeba est venue à Alger pour exprimer sa douleur et celle de tout le peuple africain opprimé. Makeba, le symbole Mama Africa a vite conquis le cœur des Algériens en chantant aux côtés de notre chanteur Mohamed Lamari Afrique, Africa, Ifriqia. L'ambassadrice de toute l'Afrique venait, par sa belle voix, d'ouvrir à tous les chanteurs africains les portes de l'Occident. Comme notre journaliste Aïssa Messaoudi qui avait fait peur aux Français en entonnant sa voix, Makeba a chanté pour frapper les colonialistes et les racistes en offrant sa voix à la cause juste qui était la sienne et de tout le peuple colonisé d'Afrique Miryam Makeba, cette femme exilée de son pays pendant 31 ans, était devenue le symbole de lutte contre le colonialisme et l'apartheid. Elle a sillonné le monde pour dénoncer le racisme et l'impérialisme en usant de sa voix, cette belle voix parfois déchirante. Lors du 1er festival panafricain, alors que le peuple algérien vivait encore la joie de l'indépendance de son pays arrachée par les armes à peine sept ans auparavant, il a applaudi bien fort la chanteuse venue du fin fond de l'Afrique et vite compris son message. Le parolier Mustapha Toumi a écrit Africa que chantera la grande dame dont la voix donnera la réplique à celle de Lamari. Ce duo remontera sur scène à plusieurs reprises en Algérie et à l'étranger. Makeba l'Algérienne En ces moments de joie, le tout Alger suivait la fête et souhaitait rencontrer la nouvelle star algérienne. Elle le sera officiellement car le président Houari Boumediene lui avait offert comme cadeau la nationalité algérienne. Il faut noter qu'avant son passage à Alger, Makeba était déjà une grande vedette. En 1959, elle était sortie de l'anonymat en accompagnant le groupe sud-africain Manhattan Brother's dans une tournée aux Etats-Unis. En 1965, elle fut la première femme noire à gagner le Grammy Award qu'elle partagea avec le chanteur américain Harry Belafonte. En 1967, soit deux ans avant le festival panafricain, son album Pata Pata inspiré d'une danse dans un township faisait fureur. Bien qu'elle ait passé une bonne partie de sa vie à voyager, Mama Africa ne s'est jamais détachée de son pays, de son Afrique, de sa musique et de sa tradition comme elle l'écrit dans sa biographie : «J'ai conservé ma culture, j'ai conservé la musique de mes racines. Grâce à elle, je suis devenue cette voix et cette image de l'Afrique et de son peuple sans même en être consciente.» Tout comme les Algériens et les Africains qui feront la fête du 5 au 20 juillet prochain à Alger, Mama Africa aurait voulu remonter sur les scènes d'Alger et revoir le public chaleureux qui l'avait accueillie. Décédée en novembre 2008 à l'âge de 76 ans, Miryam Makeba restera tout de même dans l'histoire du Panafricain et de l'Afrique.