Mama Africa ne sera pas à Alger, l'été prochain. Elle ne participera pas à la renaissance du Panaf, grand projet de l'Algérie culturelle pour juillet 2009, dont la préparation bat son plein. 39 ans après sa prestation mémorable de 1969, Myriam Makeba, surnommée Mama Africa, s'est éteinte dimanche soir, victime d'un malaise cardiaque, alors qu'elle venait de participer à un concert de soutien à l'écrivain italien Roberto Saviano. À 76 ans, la “voix de l'Afrique” avait encore la force de chanter, elle l'artiste africaine probablement la plus connue et la plus admirée sur les cinq continents. Son parcours, sa carrière et son destin même ne peuvent être dissociés de la lutte contre l'apartheid et de l'exil qui lui a été imposé. En raison de cet exil, Mama Africa deviendra citoyenne d'Afrique : une dizaine d'Etats africains, dont l'Algérie, dans un geste très symbolique, lui accorderont leur nationalité et lui délivreront un passeport. Lors de certains concerts, elle n'hésitera pas à citer ces pays dont elle était devenue la citoyenne d'honneur. Sa popularité grandissante, son engagement contre l'apartheid, lançant des appels au boycott de l'Afrique du Sud, ne pouvait que la rapprocher de la cause du Tiers-Monde dans les années 70. D'ailleurs, elle tissera des liens très forts avec l'Algérie de Houari Boumediene et a séjourné régulièrement à Alger. Elle effectuera à cette époque une petite visite à Oran en compagnie de son mari et se produira pour une soirée de gala mémorable dans ce qui est aujourd'hui le TRO régional, se souvient un témoin de l'époque. Mais c'est encore à Alger et sa participation au festival Panafricain de juillet 69 qui a marqué les esprits et sera l'un des temps forts de sa carrière. Elle en était la vedette, la tête d'affiche de la grande salle de Bab El-Oued, l'Atlas. L'une des images inoubliables de cette fête africaine fut incontestablement son duo avec Mohamed Lamari pour Africa, Africa. Un Mohamed Lamari très ému qui a déclaré à l'agence APS : “C'était une pyramide, un monument de la chanson africaine et un symbole de lutte contre le racisme.” “Nous avons perdu une grande dame. Myriam Makeba est une artiste à principes, elle s'est consacrée par la chanson aux préoccupations de l'Afrique et du monde entier. C'est une femme irremplaçable”, a affirmé le chanteur. Depuis, Africa, Africa est devenu l'hymne de l'Afrique opprimée et qui lutte contre le racisme. Aujourd'hui, cette voix du continent s'est éteinte, l'apartheid est abolie en Afrique du Sud et les Américains viennent d'élire pour la première fois de leur histoire un président noir… Africa, Africa n'aura peut-être pas résonné en vain. Djamila L./R. C.