Le Temps d'Algérie : Quelle importance revêt le Sommet du G 20 à Londres selon vous ? Peut-on s'attendre à des décisions importantes ? Mustapha Mekideche : Il faut dire que nous sommes sous pression à deux niveaux. D'abord au niveau social et politique. Les pays ayants vécu la crise financière de plein fouet, notamment ceux de l'Europe centrale, et qui ont vu les investissements européens diminués rapidement, ainsi que les graves crises politiques, comme celle qu'a traversé la Tchéquie, avec la chute de son gouvernement, alors qu'elle préside actuellement l'Union européenne. Il y a également la Lituanie et bien d'autres pays qui sont en grande difficulté financière. Ce sont des pressions sociales qui auront un effet sur le sommet du G20, sachant que des millions d'emplois sont perdus à cause de cette crise. Selon les chiffres donnés par l'OCDE, le taux de chômage dans les pays de cette zone atteindra d'ici 2010 les 10 à 11 %. La seconde pression consiste dans les solutions à mettre en œuvre pour riposter à cette crise. Les Etats-Unis proposent d'avoir un plan de relance qui soit à la mesure de l'ampleur de la crise, persuadés que les déficits budgétaires qui peuvent se produire seront asséchés par les montants qui sont mobilisés par les pays de l'OPEP et la Chine, ainsi que les fonds souverains. Tandis que les pays européens, surtout la France, préfèrent que la moralisation du système financier et bancaire. Dans ce contexte, il va falloir arriver à un consensus sur ces deux positions. C'est là où se situe l'importance de cette conférence. Pensez-vous que le G20 représente l'économie mondiale ? Ce n'est pas le cas. Il existe une sous représentation et même un problème de légitimité de ce G 20, comme l'a déjà soulevé le premier ministre britannique Gordon Brow. Ce dernier avait parlé au début de l'année de la participation de l'OPEP estimant qu'elle devra faire partie de en tant qu'invité pour trouver une solution avec les autres pays membres du G 20. Le second point à souligner à propos de cette représentativité, c'est le fait que l'Afrique du Sud est le seul pays africain à prendre part à ce sommet, alors que l'Algérie est la deuxième économie du continent noir. A mon avis, cela ne devrait pas arriver, au moment ou d'autres régions du monde sont présents par le bilais de plusieurs pays, dont le cas notamment de l'Amérique Latine. Cela m'amène à dire que le sommet du G20, de mon point de vue, n'est pas en mesure d'apporter des solutions que tout le monde attend. Selon vous quelles seront les répercussions des décisions du sommet sur l'Algérie ? Peut-on s'attendre à des effets directs ou indirects ? Principalement, ce qui est espéré c'est la réaction positive des marchés boursiers, notamment les cours pétroliers. Tout dépendra donc des réactions des marchés pétroliers pour constater une répercussion favorable à l'économie algérienne. Avec les décisions de l'OPEP, on est arrivé à stabiliser les cours autour des 50 dollars. L'objectif étant à terme, d'atteindre un baril autour des 70 et 75 dollars. Personnellement, je pense que l'année 2009 va se terminer par une réaffirmation des reprises de la croissance. Cette croissance va impacter les prix du baril. Par ailleurs, le Fonds monétaire international avait demandé aux pays qui ont des excédents financiers, notamment l'Algérie, de participer à l'augmentation des réserves et des moyens d'interventions du Fonds. Cependant, ce problème de financement ne peut pas être réglé de cette manière. Si l'on ne revoit pas la composante et le fonctionnement de cette Institution financière internationale, qui faut-il le rappeler, a besoin d'être rééquilibrée en faveur des pays émergeants, le soutien financier ne sera pas en faveur des pays donateurs. Le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont posé déjà ce problème. Qu'en est-il des placements de réserves de change de l'Algérie au niveau international ? Effectivement, nous sommes directement liés à l'évolution des marchés de change. Aujourd'hui, il faut dire que les taux d'intérêts sont bas, notamment pour les bons de trésor, qui sont autour de 0,25 %. S'agissant de la valeur du dollar par rapport à l'euro, aujourd'hui (lundi 30 mars) nous sommes à 1,30. Ce qui est largement favorable à l'Algérie par rapport à un taux de change de 1,50 dollar l'euro. Cela est valable pour les autres monnaies de placement des réserves algériennes. Nous devons suivre donc avec intérêt la réaction du dollar par rapport au sommet du G20. Propos recueillis par Farouk Belhabib