Des associations civiles espagnoles ont affrété une vingtaine de charters pour le transport sur Tindouf des 1800 personnes, toutes Espagnoles, qui entendent se rendre, le 10 avril, jusqu'au pied du mur coupant en deux le territoire sahraoui. Ces volontaires, militants de la cause sahraouie, souvent des familles au complet, qui viennent de toutes les régions d'Espagne, ont commencé à se rassembler à Séville, avec tout le matériel nécessaire pour dresser des kheïmas non loin de Tifariti. «Il n'est pas nouveau que les Espagnols se rendent dans les camps de réfugiés de Tindouf pour exprimer leur solidarité avec le peuple sahraoui», a déclaré hier à la presse l'un des organisateurs de cette marche, Mariano Gonzàlez, qui espère que cette initiative, lancée avec succès l'année dernière, puisse se renouveler tant que le Sahara occidental demeurera sous occupation marocaine. L'année dernière, en effet, beaucoup de ressortissants de pays européens s'étaient joints aux femmes espagnoles initiatrices de la «marche internationale des femmes contre le mur marocain», convoquée à l'initiative de l'Union nationale des femmes sahraouies. Vendredi, une véritable «chaîne humaine fera face au mur militaire marocain» pour exiger le tenue d'un référendum d'autodétermination et la fin de l'occupation du territoire sahraoui, ont déclaré les organisateurs. Selon ces mêmes sources, cette marche doit attirer l'attention de la communauté internationale sur le conflit du Sahara occidental qui est entré «dans une phase de spéciale importance avec la désignation de Chritopher Ross comme représentant personnel de Ban Ki-mon qui a d'emblée annoncé qu'une solution à ce conflit ne pouvait être imaginée sans le respect du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Cette phase est également marquée par les conclusions du rapport de la commission parlementaire européenne qui avait séjourné, en janvier, au Sahara occidental. Un rapport accablant pour Rabat tant au plan des violations des droits de l'homme que par son refus dénoncé par les eurodéputés d'aller vers un référendum d'autodétermination. Ces derniers jours, les autorités marocaines ont été particulièrement contrariées par l'appel lancé par des sénateurs américains, dont Edward Kennedy, demandant au président Obama d'agir pour l'application du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le mur de sable marocain, le plus long du monde sur 2500 km, parsemé de mines antipersonnel, avait été dressé avec l'assistance technique d'experts israéliens entre 1980 et 1987, pour protéger l'armée d'occupation des assauts répétés du Front Polisario. Son tracé a été étudié sur la base d'une stratégie défensive, mais aussi pour contrôler ce qui est désormais désigné «territoire économiquement utile», celui des immenses gisements de phosphate. Des familles se sont retrouvées ainsi séparées, les unes vivant sous occupation marocaine et les autres dans les territoires sous contrôle du Front Polisario. Les organisateurs de cette marche n'ont pas manqué de dénoncer le jeu «trouble» du gouvernement socialiste espagnol, lui demandant de faire pression pour que Rabat respecte les termes de l'accord de règlement de 1991. A cette date, après 16 ans d'affrontement armé, le Front Polisario et le Maroc ont signé un accord de cessez-le-feu, plus connu sous le nom de l'«Accord de Houston» qui devait ouvrir la voie à la mise en œuvre d'un référendum d'autodétermination, processus interrompu par les autorités marocaines, craignant le verdict des urnes.