La presse des différents courants nationalistes algériens était "pluraliste et a pleinement joué son rôle depuis sa création jusqu'à la veille du déclenchement de la Révolution de Novembre", a souligné, jeudi à Constantine, Fatima-Zohra Guechi, professeur d'université. Mme Guechi qui intervenait à l'ouverture du forum du quotidien An-Nasr, portant sur "l'information et la Révolution armée", a rappelé les titres de la presse nationaliste pour souligner qu'après la deuxième guerre mondiale, les partis avaient créé leurs propres journaux en langue arabe, citant El Djazaïr El Djadida de l'ex-parti communiste algérien (PCA) et El Watan de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). Le parti du peuple algérien (PPA) interdit en 1939 et recréé sous le nom de Mouvement pour le triomphe des libertés (MTLD) avait aussi des journaux en arabe, non officiels, El Manar dirigé par Mahmoud Bouzou, El Maghrib El Arabi, dirigé par Saïd Zahiri, "Saout El Djazaïr qui défendait, à la veille de la Révolution, les positions des centralistes du MTLD et "Saout Ech-Chaâb" de la tendance des messalistes du même parti, a ajouté cette universitaire. La conférencière a décrit quelques prises de position importantes de la presse nationaliste, sur la scène du Maghreb et du monde arabe, sur la grève des étudiants de la Zitouna (Tunis) en 1950, le décès de Moncef Bey de Tunisie, l'assassinat du syndicaliste tunisien Ferhat Hached et la Révolution égyptienne, avant de donner un aperçu sur les différents points de vue défendus par cette presse autour des questions se rapportant à l'Algérie et à la cause du peuple algérien. Le forum, animé et coordonné par Abdelmadjid Merdaci, professeur à l'université de Constantine, est prévu pour deux jours. Jeudi, il a accueilli, outre Mme Guechi, le journaliste et chercheur Arezki Himer qui a résumé à l'intention du public, venu nombreux, une longue recherche sur la presse colonialiste, et le professeur Zoheir Ihaddaden qui a donné un aperçu sur les principales étapes du journal El Moudjahid de 1956 à 1962. Le journaliste et chercheur Ahmed Arezki est intervenu à son tour pour traiter de la presse colonialiste, créée dès 1930 à l'initiative des militaires français. Une presse, a-t-il souligné, qui continuera invariablement à être "une arme de la conquête et de la dépossession des algériens". Le professeur Zoheir Ihaddaden a clôturé les interventions de cette première journée du forum d'An-Nasr en évoquant le journal El Moudjahid du Front de Libération Nationale (FLN) combattant, dont il fut lui-même l'un des rédacteurs. Il a également rappelé que l'Algérie Libre, le journal du PPA-MTLD a été interdit dès le lendemain du déclenchement de la lutte armée. Il a notamment situé les étapes de l'histoire de ce journal qui défendait la Révolution algérienne avec le journal "Résistance Algérienne", paraissant en France, à Tetouan (Maroc) et en Tunisie. Les sept premiers numéros d'El Moudjahid sont parus à Alger entre 1956 et 1957, pour être ensuite imprimés et édités à Tetouan puis, au milieu de l'année 1957, en Tunisie. Le Pr Ihaddaden a souligné qu'El Moudjahid a rempli sa mission en défendant la cause du peuple algérien, en répercutant les actions diplomatiques du FLN puis du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), et en informant l'opinion sur la lutte du peuple algérien et sur les exactions inhumaines qu'il a subies jusqu'au recouvrement de l'indépendance, obtenue au prix d'immenses sacrifices. Le forum d'An-Nasr, organisé à l'occasion de la commémoration du 60ème anniversaire du déclenchement de la Révolution, accueillera, vendredi, l'historien Benjamin Stora, le chercheur en cinéma Mohamed Bedjaoui, les écrivaines et journalistes Marie-Joëlle Rupp et Safia Kouaci.