Des universitaires ont mis en exergue, lundi à Alger, le rôle de la presse nationale dans la vulgarisation de la question algérienne durant l'ère coloniale, à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse coïncidant avec le 3 mai de chaque année. Lors d'une conférence organisée par l'association Machaal Echahid et le quotidien El Moudjahid sous le thème "La presse algérienne: de la résistance au mouvement national et pendant la révolution", les professeurs Ahcene Boumali, Zoheir Ihadadene et Amar Khodja ont évoqué le rôle de la presse algérienne dans la sensibilisation des opinions publiques nationale et internationale à l'égard de la question algérienne et l'aspiration du peuple algérien à l'indépendance. Ainsi, le professeur Ahcene Boumali, maître de conférences à la Faculté des sciences politiques et de l'information à l'Université d'Alger a rappelé que le premier moyen d'information utilisé pendant la révolution algérienne a été "le tract du 30 octobre 1954" au nom du Front de libération nationale (FLN) qui visait à informer la population algérienne. Le tract, a-t-il précisé, visait à faire face à la politique de désinformation et de black-out adoptée par l'occupation française en Algérie qui, a-t-il dit, dissimulait ce qui se produisait sur le territoire algérien, notamment les affrontements militaires entre les forces de l'Armée française et de l'Armée de libération nationale (ALN) ainsi que les développements politiques survenus sur les plans interne et externe. Le tract avait également pour objectif la protection de la population algérienne de la propagande coloniale, a indiqué M. Boumali, précisant que le FLN mettait les citoyens et l'opinion publique internationale au fait des pertes enregistrées tant dans les rangs de l'ennemi que dans ceux de l'armée nationale. Il a, dans ce sens rappelé que le second tract consistait en la Déclaration du 1er novembre 1954, qui est intervenue après 70 ans d'occupation française en Algérie, indiquant qu'il s'agissait du premier document médiatique révolutionnaire à dimension politique étudiée. De son coté, le professeur Ihadadene a évoqué les différentes étapes qu'a traversées la presse algérienne qui, a-t-il dit, a connu "un développement et revêtu un caractère politique plus qu'informatif jusqu'en 1989 avec la promulgation du code de l'information", ajoutant que la presse a connu un développement à la faveur du pluralisme politique. Le conférencier a cité différents titres parus durant la période coloniale dont le journal "Sidi fredj" en 1830, "al-Mountakhab" des mususlmans d'Algérie à Constantine en 1882 et le journal "al-Akhbar" en 1948 et d'autres titres de l'association des Uléma musulmans à savoir "al-Bassair" et "al-Mounqidh". Le Dr. Zoheir Ihadadène, ancien enseignant à la faculté des sciences politiques et de l'information à l'université d'Alger, a souligné la nécessité de créer un conseil de déontologie aux missions élargies dont la poursuite d'auteurs d'informations diffamatoires ou mensongères. Le Dr. Ihadadène, auteur de plusieurs ouvrages sur l'information a appelé à prodiguer des conseils au journaliste débutant afin de l'aider à éviter de publier des articles à caractère mensonger ou diffamatoire. Concernant l'expérience médiatique en Algérie, le conférencier l'a qualifiée de "positive mais manque toutefois de globalité", estimant impérative la distinction entre "la presse de propagande et le journal d'information et indépendant". Ammar Belkhoudja a indiqué de son côté, que des noms comme Mohamed Bensalem, Ben M'hidi, Abane Ramdhane et Abdelkader ont mis leur plume au service de la cause algérienne. Défiant le colonialisme, ces écrivains publiaient des articles dans plusieurs journaux tels "Saout al ichtirakiyine", "Saout echaab" et "Alger républicain". A cette occasion, M. Ihadadène a été honoré par l'association Machaal Echahid.