Le cri de Tarzan, la nuit dans un village oranais est un recueil de nouvelles de Malek Alloula par aux éditions Barzakh. Cet ouvrage de neuf nouvelles (Jour de fête, Le cri de Tarzan, Mes enfances exotiques, Solingen Germany, Les eaux d'Oran, La fraternité oranaise, Gargotes, On vous parle d'Oran, La langue fantôme) focalise sur l'enfance de l'auteur à Oran, ses brisures de mémoires, sur la nostalgie d'une période à jamais révolue. LAUTEUR évoque des personnages fabuleux ayant meublé son univers d'enfant. Il dévide peu à peu sa mémoire pour conter le vieil Oran avec ses habitudes, mais aussi les affres de la colonisation. Réceptacle de ses émotions, ses impressions et ses sensations. Ces nouvelles constituent le ferment et le substrat à son univers, un monde hanté de souvenirs, de coups de cœur, mais aussi d'angoisses et d'inquiétudes. Lesté à cette époque, Malek Alloula contourne ses désillusions et ses désappointements pour raconter son mode de vie routinier. Cette sève nourrit ses souvenirs tantôt gais, tantôt tristes. Le pessimisme Chaque nouvelle vise un thème qui s'inscrit dans ce devoir de mémoire qui symbolise cet énoncé. «Que sont devenues toutes ces idées emportées qui nous servaient d'oxygène dans ce vaste programme de la rédemption universelle ? Que sommes-nous devenus, nous, nous, oui nous, que sommes-nous devenus ?», s'interroge avec pessimisme l'auteur. Les belles lettres Dans La langue de fantôme, la langue vernaculaire n'est pas en reste mettant en exergue cette langue empruntée comme le disait Kateb Yacine «un butin de guerre». Gargotes fait référence à l'écrivain qui fait la topographie d'une rue sans en connaître les arcanes. Son personnage, humble gargotier, semble offrir des agapes sans ostentation, mais qui titillent le palais. Il dit avec toute simplicité les petits plaisirs de la vie comme les bombances. Ces nouvelles hétéroclites, diversifiées, sont d'une écriture fluide, mâtinées d'une profonde méditation et de sensations fortes. Ce recueil se démarque par une parfaite et excellente maîtrise de la langue. Poète, essayiste et écrivain, il reste une figure incontournable de la littérature algérienne. Ses odes connues, belles par leur fraîcheur, excellentes par la maîtrise de la langue française, font de ce normalien un critique littéraire. Vivant à Paris depuis 1967, l'auteur poursuit son activité éditoriale avec des poèmes comme Villes, Le harem colonial ; Rêveur sépulture ; Mesures du vent ; Les festins de l'exil ; Alger, un pays dans l'attente. Lire Malek Alloula nous retrempe dans le plaisir des belles lettres. Une véritable délectation.