Les prix du pétrole décrochaient en cours d'échanges européens, alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande de pétrole pour 2015. Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 62,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 73 cents par rapport à la clôture de jeudi. La référence européenne du brut est tombée vers 09H20 GMT à un nouveau plus bas depuis juillet 2009, à 62,75 dollars. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 91 cents à 59,04 dollars. Vers 09H20 GMT le cours du WTI a plongé à son plus bas niveau depuis mai 2009, à 58,80 dollars. "Les prix du pétrole continuent de dominer les marchés après la baisse des prévisions de la demande de l'AIE pour la quatrième fois en cinq mois", commentait Alastair McCaig, analyste chez IG. Le WTI a dévissé vendredi après la sortie du rapport mensuel de l'AIE qui prévoit une croissance de la demande plus timide en 2015 qu'escomptée, alors que les stocks de brut et de produits pétroliers augmentent. "La croissance de la demande devrait se raffermir en 2015, par rapport à 2014, mais cette accélération semble désormais plus modeste qu'anticipé précédemment, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale", expliquait l'AIE. La consommation de pétrole devrait croître de 900'000 barils par jour l'an prochain pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre une anticipation précédente de 93,6 mbj, a détaillé l'agence basée à Paris dans son rapport mensuel de décembre. À cela s'ajoute la suppression des subventions publiques aux produits pétroliers dans certains pays et le renchérissement du dollar, qui rend plus chers leurs achats en devise locale, et une faible progression des salaires dans les pays développés de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans certains pays émergents, comme l'Inde ou l'Indonésie, l'effet d'une augmentation de la demande créée par la chute des cours du pétrole est différé car ces pays en profitent pour réévaluer leurs subventions sur les produits pétroliers pour renflouer leurs budgets. Il va falloir un certain temps à l'offre pour réagir à la baisse des prix et se rééquilibrer, commentaient les analystes de Commerzbank. Selon l'AIE, les prix bas du pétrole n'auront pas d'effet à court terme sur la production, qui nécessite un certain temps d'adaptation et reste soutenue aux Etats-Unis et dans les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), malgré un repli en novembre par rapport au mois précédent. "L'équilibre entre l'offre et la demande mondiale indique que les stocks de pétrole pourraient augmenter de 297 millions de barils pendant le premier semestre 2015", a noté l'AIE dans son rapport. Ceci pourrait tester les limites de la capacité à stocker de l'OCDE, commentait l'agence. "L'année 2015 pourrait même marquer le retour du stockage de pétrole en mer sur des bateaux, comme lors de la crise en 2008", notait d'ailleurs Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis. "Il n'y a tout simplement pas de fin à la dégringolade des prix du pétrole", commentaient les analystes de Commerzbank. Les cours du pétrole ont perdu 45% depuis le mois de juin et pourraient continuer leur spirale descendante, d'après des analystes, lestés par l'afflux de nouvelles négatives. Pour le Brent, "maintenant que le palier des 65 dollars a été franchi, il va être beaucoup plus difficile pour les investisseurs de prédire le plancher du cours, d'autant plus que toutes les informations concernant le pétrole sont un nouveau camouflet pour la matière première," notait Connor Campbell, analyste chez Spreadex.