"Plus de 400 boulangeries ont fermé depuis 2003 à Alger. Leurs propriétaires ont fait faillite et ce constat est valable notamment pour les boulangers des villes de l'intérieur du pays», a affirmé hier Mohamed Hentour, président de la commission nationale des boulangers affiliée à l'UGCAA. Selon notre interlocuteur, «le métier de boulanger professionnel est en voie de disparition». Depuis 1996, le prix du pain ordinaire a été fixé à 7,5 DA et le pain amélioré à 8,5 DA. «Les disparités de simonie des boulangers vendant le pain entre 8 et 10 DA sont la conséquence de l'anarchie régissant le domaine», a souligné M. Hentour. Ce syndicaliste a indiqué que «sa corporation demande aux ministères du Commerce, des Finances et de l'Agriculture de réviser conjointement la réglementation de 1996 et la réorganisation de la profession (…) car les conditions dans les années 1990 et aujourd'hui ne sont aucunement identiques.» À titre indicatif, il a expliqué que «les charges pour l'achat des produits destinés à la fabrication du pain ont radicalement changé (...) Le bidon d'huile de cinq litres coûtait 25 DA en 1996, alors que présentement, il est cédé jusqu'à 800 DA.» Malgré les subventions étatiques, l'exonération de la TVA et l'invariabilité du prix de la farine, Mohamed Hentour a déclaré que «ces procédures ne sont pas suffisantes», tout en ajoutant que «la majorité des boulangers sont endettés vis-à-vis des services des impôts et de la Casnos.» Selon lui, «les boulangers ne disposent plus d'un capital d'investissement». Sur ce point, il a soulevé «le refus de crédits bancaires pour l'acquisition d'un nouveau matériel afin de moderniser les entités de ce secteur, vu la vétusté des équipements actuels qui datent de la fin des années 1980.» Par conséquent, Mohamed Hentour a estimé que «les boulangers sont obligés de s'assurer des valeurs ajoutées, soit en augmentant le prix du pain soit par la vente de pâtisseries.» Il reconnaît dans ce sillage que «des boulangers ont choisi de vendre dans l'informel des quantités appréciables de pain.» «L'autre facteur responsable de la hausse du pain chez certains boulangers s'explique par l'augmentation du prix des produits de panification, qui dépasse les 200%» observe-t-il. Enfin, le président de la commission des boulangers a tenu à rappeler que «le prix du pain algérien s'élèverait en réalité à 50 DA sans le soutien des pouvoirs publics (...) Il est le moins cher au monde», conclut-il.