Quelle pourra être la nouvelle carte politique du pays ? Faut il s'attendre à une recomposition du paysage politique national à la lumière des derniers résultats des élections présidentielles et les récentes fractures qui ont bouleversé les donnes au sein de certaines forces partisanes ? Pour de nombreux observateurs de la scène politique algérienne, cette carte semble se diriger vers deux directions ou deux sens à des vitesses très différentes selon des particularités des blocs et des soubresauts que pourraient fabriquer l'agenda politique futur. D'abord, une configuration inédite sur le plan organique et en même temps, une décantation, plus ou moins lente d'ordre idéologique. En fait, les analystes pensent que le plus grand danger guette certaines formations politiques qui n'ont pas su garder une dynamique, soit d'ordre participatif, soit d'opposition cohérente. C'est ainsi qu'on s'attend à ce que l'opposition classique ou traditionnelle se réveille du laminage populaire et électoral avec un constat de dépit et d'échec non seulement sur le plan de la praxis, mais aussi sur le plan sociologique et analytique. D'autant que le risque pris par un double boycott électoral et la persistance des manœuvres de la politique de la chaise vide met des partis comme le FFS et le RCD dans des situations difficiles. Tous les observateurs diront que la mobilisation espérée par ces deux partis pour gagner une crédibilité politique n'a pas eu lieu, malgré l'organisation des marches et des meetings et les actions multiples de propagande. Dans les fiefs traditionnels de ces deux partis, on mesure déjà les pertes et les échecs incessants. Les discours ne passent Les discours ne passent plus et on a l'impression que l'opinion publique a besoin d'une autre démarche de contestation citoyenne, d'une refonte de la logique de fonctionnement des partis. On oublie souvent que les dernières élections législatives et communales de 2007, concernant exclusivement les partis politiques et ses propres listes avalisées par leurs chefs, l'absentéisme a dénudé d'une manière flagrante ces formations, toutes tendances confondues. Des résultats qui démontrent la grande faillite de ces partis et l'énorme défaillance des dirigeants et des états- major. Le recul manifeste des partis dits " démocratiques "ou de gauche a obligé quelques voix à chercher des solutions immédiates et des possibilités de rebondir politiquement. C'est dans ce sens que le RCD a appelé dernièrement le FFS à le rejoindre dans une sombre alliance dont les contours restent obscurs. D'autres chapelles invitent ces formations à réfléchir sur l'éventualité de créer un front élargi ou unifié sur la base d'une plate-forme de principes généraux. Mais rien de sérieux n'est mis en avant, car les plus grandes difficultés de cette mouvance demeurent sa faible mobilisation populaire, en raison d'un discours élitiste et intellectuel, qui ne cible ni les classes moyennes, ni les classes démunies, selon quelques explications de politologues.Ces impasses structurelles ne vont pas empêcher d'autres personnalités de créer leurs propres partis ou de les relancer. C'est ainsi qu'on avance avec insistance le retour de l'UDL de Benyounès, toujours à la recherche d'un agrément, et qui va sans doute chasser sur le terrain de son ancien parti et récupérer les militants mécontents de la gestion des chefs. Rivalités permanentes De plus, les résultats modestes acquis par Mohand Said Bélaid ne l'empêchera pas de lancer officiellement son mouvement islamiste soft, dénommé PJL (parti de la justice et de la liberté).Les mêmes observateurs estiment que la mouvance islamiste subira elle aussi de notables changements avec la scission consommée au sein de Hamas. En annonçant la création de sa formation, Menasra va sans doute affaiblir durablement Aboudjerra Soltani, de même que les gestations de rivalités permanentes entre Younsi et Djaballah vont déteindre sur le paysage politique de cette mouvance. Mais l'échec cuisant des islamistes dans toutes les élections depuis plus de dix ans va devenir la question nodale de cette mouvance. L'effritement de l'électorat traditionnel de la mouvance semble s'inscrire dans la durée, devenant une tendance lourde dans l'échiquier électoral algérien. Il est vrai que Djaballah cherche par tous les moyens possibles de fédérer ses anciens partis et de rassembler les quelques poches de radicaux islamistes, en se posant comme unique alternative islamiste pour la conquête pacifique du pouvoir. Mais, il oublie que lui-même a subi un échec retentissant lors des présidentielles de 2004 et qu'il est loin, très loin de posséder l'aura indispensable susceptible de mobiliser plusieurs millions de votants. Les malheurs de l'atomisation des islamistes posent déjà au sein des analystes de lourdes questions : Y a-t-il un avenir pour les partis islamistes en Algérie ? Pourquoi les milliers de réseaux d'ordre caritatifs ou dogmatiques (comme certaines écoles de la salafiya ou " ancestralisme ") échappent à tout embrigadement organique ? Est-ce notre électorat qui se " laïcise "davantage ou est ce que ces partis de la mouvance refuse tout débat interne, toute voix contraire aux paroles du chef ? A première vue, toutes les dissensions internes des partis islamistes ont éclaté en raison de l'absence d'un minimum de démocratie interne. Tous les dissidents évoquent la dictature des zaïms et le refus de la contradiction. Gestation Au regard du bilan des résultats du 09 avril 2009, et en dépit de ses contestations, Louiza Hanoune se place déjà comme la première force de l'opposition, détrônant le FNA de Moussa Touati. Le PT qui semble être le seul parti qui a su garder une totale cohérence dans sa doctrine politique, notamment dans le volet économique et social, ne considère guère la récolte des 600.000 voix comme un camouflet électoral. Contrairement au FNA qui a subi une défaite alarmante pour son avenir, malgré un discours nationaliste et populiste. Cependant, l'observation de ces gestations confirme une fois de plus les carences palpables de nos partis politiques et leurs dysfonctionnements dont n'échappe pas ni les appareils du FLN, ni les structures intermédiaires du RND. La défaillance totale et le discrédit manifeste de ces partis suscite des interrogations. Que faire ? Que faut-il faire pour amener les algériens à militer ? Ou à la limite à voter pour eux ? Ces configurations organiques et ces fractures politico-idéologiques risquent de s'accélérer encore davantage, si le président, en sa qualité d'indépendant ou supra-partisan, décide pour d'autres considérations liées à sa feuille de route institutionnelle et politique (qu'il établira bientôt), de revoir l'agenda des rendez vous électoraux, en avançant les dates des communales et des législatives.