Les partis semblent en déroute à chaque manœuvre du président de la République. Faute de règles claires de la vie politique algérienne, Bouteflika continue, depuis sa venue au pouvoir en avril 1999, de brouiller les repères éventuels de la classe politique. Au point que, aujourd'hui, même les membres de la coalition gouvernementale (FLN, RND et MSP) n'arrivent pas à se situer par rapport à certains dossiers qui engagent l'avenir du pays. Du moins au plan du discours officiel formulé par chacun de ces partis. Des exemples pris, la semaine écoulée, illustrent cette situation de cafouillage. Le MSP qui déclare que « l'Exécutif souffre d'opacité » au sujet du processus de privatisation des entreprises publiques. Le RND qui prétend « ignorer le contenu du projet d'amnistie générale ». Et le FLN - sorti plus ou moins soudé après son congrès unificateur - qui offre la présidence d'honneur du parti au chef de l'Etat sans avouer les objectifs d'une telle démarche. Surtout que Bouteflika précisera, dans sa lettre d'acceptation de cette offre, qu'il doit « rester loin des rivalités partisanes et un président responsable auquel peuvent recourir » tous les citoyens algériens. Actuellement, aucun parti ne peut prétendre driver, à lui seul, la vie nationale, ni surtout être à l'abri d'éventuelles dissensions internes. Cette situation de fragilisation des partis contraste, en tout cas, avec les périodes supposées d'alternance. Par exemple, avant 1999 le RND avait eu pratiquement la main basse sur la gestion du pays. Le FLN, pour sa part, semblait reprendre le dessus surtout après les législatives de mai 2002 et les élections locales d'octobre de la même année. Or la fracture qui était apparue au sein de ce parti, notamment en 2004, avait mis la classe politique dans un état de passivité et de stand-by qui en dit long sur ce qu'appelle Bouteflika « la recomposition du champ politique ». Une recomposition, toutefois, dont personne ne connaît les contours, mais qui semble trouver des scenarii d'expérimentation comme ça été le cas pour le dernier parcours du FLN. Mais aussi et surtout pour la coalition qui demeure sensiblement sujette à ne plus trouver sa raison d'être après que Bouteflika eut mené à terme certains projets. Des projets qui demandent, notamment, une mobilisation électoraliste comme pour le cas, par exemple, du projet d'amnistie générale. On comprend dès lors le malaise d'une classe politique face à son destin. Refusant de s'amarrer à une quelconque formation politique, à l'occasion des deux scrutins présidentiels de 1999 et de 2004, le président de la République joue, en fait, au jeu de l'équilibrisme face à une élite politique incapable de fixer ses propres repères.