Les prix du pétrole continuaient de dégringoler lundi en cours d'échanges européens, tirés vers le bas par une production surabondante qui ne montre aucun signe de faiblesse. Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 48,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,28 dollar par rapport à la clôture de lundi. Vers 11H30 le prix de la référence européenne est tombé à 48,45 dollars le baril, son plus bas niveau depuis le 27 avril 2009. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance était en baisse de 1,12 dollar à 47,24 dollars. Vers 11H30, le baril de WTI a atteint son plus bas niveau depuis le 17 mars à 47,06 dollars le baril. Les conditions économiques dans lesquelles évoluent les marchés pétroliers n'ont pas changé et ne devaient pas changer de sitôt, soulignait Jameel Ahmad, analyste chez FXTM. Même les chiffres positifs de l'emploi américain parus vendredi (le recul du taux de chômage s'est accéléré en décembre), plutôt de bon augure ce qui concerne la demande, n'ont apporté aucun soutien aux cours du pétrole. De bonnes données sur l'économie américaine sont positives pour la demande de pétrole, le pays étant le premier consommateur d'or noir au monde. Même si les perspectives sur la demande s'améliorent, ce facteur ne joue qu'un second rôle sur les marchés pétroliers aujourd'hui, soulignaient les analystes de Commerzbank. A l'heure actuelle, la dégringolade des cours est moins causée par la faiblesse de la demande, comme lors de la crise financière de 2008, que par la surabondance d'or noir, selon plusieurs analystes. L'équation entre l'offre et la demande penche lourdement en faveur des investisseurs pariant sur la baisse des cours, ce qui leur permet de bloquer tous mouvements des investisseurs misant sur une hausse des cours, ajoutait M. Ahmad. Il y a peu de raisons qui empêchent les prix du pétrole de chuter plus, notaient les analystes de Morgan Stanley. Le marché du pétrole va d'ailleurs entrer dans une période où la consommation de brut va ralentir, avec le commencement de la saison de maintenance des raffineries dans le monde entier alors que l'offre continue d'augmenter, selon Morgan Stanley. Les signes pointant vers une réduction prochaine de la production mondiale de pétrole sont, en effet, rares, même si la dégringolade des prix du pétrole grignote les bénéfices des compagnies pétrolières. Selon les analystes de Wood Mackenzie, avec des cours à 40 dollars le baril seul 1,6% de la production mondiale ne serait plus rentable. Ceci correspond à peu près à l'excédent d'offre de la première moitié de l'année 2015, notait Commerzbank. Mais même si un projet n'était pas rentable, il n'est pas garanti qu'il soit fermé, car la première réponse à la chute des prix est de stocker le pétrole et d'attendre que les prix se reprennent, selon Wood Mackenzie. De plus, selon plusieurs analystes, certains producteurs pourraient continuer à produire à perte plutôt que d'arrêter la production, dans les champs de pétrole vieillissants de la mer du nord notamment, car les coûts liés au déclassement des infrastructures est trop élevé. Seul un gros arrêt imprévu de production ou une capitulation de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pourrait changer la donne, selon les analystes de Morgan Stanley. Mais pour le moment, l'Opep se montre inflexible sur sa décision de ne pas réduire son plafond de production à 30 millions de barils par jour (mbj) prise lors de sa dernière réunion en novembre.