Le Conseil européen, dont les travaux ont pris fin jeudi soir à Bruxelles, a décidé de renforcer les contrôles en matière de circulation des personnes. Les «28» ont demandé à la Commission européenne de préparer de nouvelles règles à introduire dans l'Accord de Schengen pour un contrôle systématique des ressortissants de l´Union européenne qui se rendent dans un pays tiers, en particulier au Moyen-Orient. Ils estiment que «la seule présentation du document d'identité nationale au niveau des frontières extérieures de l´espace commun ne suffit pas pour des vérifications de conformité au niveau de la base de données des services de police». Les experts communautaires sont convaincus qu'un contrôle rigoureux, à l´intérieur de Schengen, constitue le moyen le plus efficace pour identifier les terroristes qui entrent et sortent de l´espace commun par la seule présentation de leur passeport européen. Ils avancent comme argument concret la sortie de la femme la plus recherchée de France, Amel Boumediene, compagne de Colibaly, l'un des auteurs des attentats de Paris, par l'aéroport de Madrid et son entrée à Istanbul sur présentation de son passeport français. Les leaders européens ont constaté une faille dans la législation Schengen. C'est pourquoi, ils ont insisté dans leur document final sur une plus grande coopération entre les services de sécurité des pays membres afin de prévenir en temps réel «les sorties et les retours des djihadistes en Europe. A Bruxelles, le président Rajoy a été l'un des dirigeants européens qui aura le plus insisté sur un meilleur contrôle des frontières intérieures de l´espace Schengen et la nécessité pour les pays de l'Union européenne de continuer à collaborer entre eux dans la lutte contre le djihadisme en procédant, notamment, à l'homologation de leurs législations en la matière. Les pays de l´UE font face à «un ennemi commun à toute l´humanité qui rend impératif la collaboration étroite entre leurs polices et les services de sécurité». C'est ce constat qui a été fait à Bruxelles. La France, mais aussi l´Espagne, figurent parmi les pays qui ont adopté une position inflexible quant à la nécessité de renforcer le contrôle des passagers. Avec l'Italie, la Belgique et la Hollande, ces deux pays du sud de l´Europe, se sont ainsi positionnées en tête des 13 Etats qui ont le plus œuvré en faveur de la mise en place d'un registre des passagers afin que soient identifiés les retours des djihadistes avant leur arrivée au pays de destination. Un tel instrument avait été déjà bloqué par le Parlement européen en raison des risques de «fragilisation des droits des citoyens». Au cours de la réunion des ministres de l'Intérieur des «28» qui s´est tenue à Bruxelles au lendemain des attentats de Paris, le ministre espagnol, Jorge Fernandez Díaz, avait remis sur la table le nouveau mécanisme d'identification des passagers. Jeudi, il a obtenu gain de cause. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a informé les «28» que cette question sera débattue par les eurodéputés le 26 février. Les Eurodéputés ont fini par accepter de jouer le jeu du durcissement des mesures de contrôle des déplacements à l´intérieur de l'espace Schengen, d'aucuns jugeant que ce mécanisme pourrait affaiblir l'un des deux grands piliers de l'Europe avec la monnaie unique.