La hausse de l'inflation à 6,1 %, durant le premier trimestre 2009, qui s'est traduite par la hausse des prix des produits à la consommation, conduira, selon certains économistes, à la baisse de la demande. Autrement dit, à la chute de l'activité économique. Bien qu'il soit situé par l'Office national des statistiques autour de 6,1 %, pour le 1er trimestre 2009, «l'indice d'inflation est peut être sous estimé», considère le professeur en économie, Abdelhak Lamiri. Contacté, hier, il expliquera que «cela suppose que l'algérien achète et consomme 6% de moins que l'année passée». Au sujet de l'évolution du taux de l'inflation durant les prochains mois, il indique que ceci « dépend de certains facteurs déterminants», à savoir le retour d'un niveau de prix équilibré des produits agricoles, de la croissance démographique où de la baisse de la production. Une inflation élevée peut être temporaire, lorsqu'elle est engendrée par la hausse des prix de produits agricoles, tient-il à nous expliquer. Elle peut être structurelle, dans le cas où elle est liée aux facteurs démographiques et économiques, dont le recul de la productivité. « La hausse de l'inflation pourrait être engendrée par les deux aspects à la fois «, ajoute-t-il. «Chez nous, nous avons une tradition de voir les prix augmenter en cas d'intempéries empêchant les agriculteurs à récolter leurs productions», soutient M. Lamiri. Et l'absence d'entreprises professionnelles pouvant maîtriser le stockage et la régulation du marché ne font qu'aggraver la situation, selon lui. «Nous avons également un problème du système de distribution et de commercialisation», affirme-t-il tout en constatant qu'»en Algérie, il existe beaucoup d'intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs». Ces facteurs de désorganisation du marché ont aggravé la situation et contribuent à la hausse de l'inflation, laisse-t-il entendre. L'autre facteur ayant engendré cette hausse de l'inflation est l'augmentation des salaires de la fonction publique. Il s'agit-là de «l'inflation structurelle», présume-t-il pour étayer ses propos avant d'ajouter : « Lorsqu'on procède à la revalorisation des salaires des travailleurs qui ne sont pas issus des secteurs productifs, cela se traduira directement par l'augmentation des prix. Mais ceci n'apparaît que dans un délai d'un an à deux ans «. L'augmentation du salaire ne suffit pas, selon Abdelahak Lamiri, pour améliorer le pouvouir d'achat. La solution réside, d'après notre interlocuteur, dans l'encouragement de la productivité, qui «stagne jusque-là en Algérie». Cette analyse est partagée par l'économiste Hamid Mezaach, estimant que «les remèdes ne peuvent pas exister à court terme». Il recommande l'encouragement des investissements nationaux, l'amélioration de la productivité de manière plus rigoureuse qu'actuellement et l'équilibre entre les différentes régions du pays en matière de développement. De son avis, la « hausse de l'inflation a pour origine, d'une part, le recul de la production agricole face à des besoins en hausse, ce qui s'est traduit par une augmentation des prix et d'autre part par l'envolée des prix à l'importation due à la hausse de l'euro sur le marché des changes «, a expliqué M. Mezaach. Au sujet de l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat, il estimera que «plus le salaire est bas plus l'impact se fera sentir sensiblement». Cet impact dépend, souligne-t-il, des revenus des personnes concernés et de la taille des ménages et des dépenses à charge. Cette situation mènera inévitablement à des rudes négociations salariales lors de prochaine tripartite pour essayer de rattraper la chute du pouvoir d'achat, prévoit l'économiste Hamid Mezaach.