De la pagaille, des accusations de concussion et de compromission avec les autorités locales, de la dispute entre certains manifestants… «Sahat Essomoud» (la place de la résistance) était plongée dans une ambiance électrique, vendredi soir. Certains représentants, ou du moins ceux qui s'expriment au nom de la population et du front anti-gaz de schiste, sont accusés d'agir de connivence avec les responsables locaux, notamment le wali de Tamanrasset, dans le but d'essouffler le mouvement et de mettre ainsi un terme à la contestation. Le Dr Abdelkader Azzi, cardiologue à l'hôpital d'In Salah, est l'un des concernés par ces accusations. Il est outré. Complètement hors de lui, il dément avec véhémence ces oui-dire et accuse à son tour «ceux qui échafaudent de tels scénarios et visent à installer durablement un climat d'anarchie et d'instabilité à In Salah». «Ces gens ne souhaitent pas que la situation redevienne normale dans notre ville. Ils font des mains et des pieds pour semer la zizanie puisqu'ils croient que c'est de cette manière qu'ils vont échapper aux mains de la justice. Ils sont impliqués dans des affaires scabreuses et risquent de moisir en prison pour longtemps. Je sais de quoi je parle et je suis responsable de mes propos», martèle le Dr Azzi lors de sa prise de parole devant la population d'In Salah rassemblée en grand nombre dans la soirée d'avant-hier à «Sahat Essomoud». L'orateur venait ainsi de révéler l'une des facettes jusque-là cachées de la contestation anti-gaz de schiste qui ne va pas connaître son épilogue de sitôt dans cette localité du Sud. Et pour cause, l'appel du Dr Azzi, qui a par ailleurs sollicité la population pour la levée du sit-in ouvert depuis le début du mois de janvier, a été rejeté par la plupart des manifestants. «Mais pourquoi procéder à la levée du sit-in alors que nous n'avons rien obtenu après plus de 60 jours de résistance», s'interrogent beaucoup de jeunes contestataires. Une interrogation à laquelle Dr Azzi, un des membres ayant participé à la seconde réunion de concertation tenue jeudi avec le commandant de la VIe Région militaire, le général-major Ammar Athamnia, a tenté de répondre : «Le maintien du sit-in ne va nous attirer que des problèmes.» Il mettra l'accent sur le risque de dérapages. De nouvelles «dérives» sont à craindre en raison notamment des dissensions qui minent le front anti-gaz de schiste ? Cela constitue en effet une probabilité à ne pas exclure vu que le front en question échappe désormais à tout contrôle. Même le dernier groupe qui s'est constitué en guise d'interlocuteur avec le général-major Ammar Athamnia est sur la voie d'autodissolution. «Il sera remplacé par un nouveau comité constitué de membres d'associations et d'organisations de la société civile activant au niveau local», indique encore Dr Azzi. La fracturation hydraulique différée Il est question des associations chargées de la protection de l'environnement, des comités de quartier et d'autres organisations encore versées dans divers domaines d'activités. «C'est au sein de ces structures reconnues et agréées que se poursuivra la lutte anti-gaz de schiste», affirme le même interlocuteur. Il n'omet pas aussi de mettre l'accent sur le gel du projet d'exploration du gaz de schiste maintenant que celui-ci est arrivé au stade de la fracturation hydraulique. «Sur le site du projet initié au bassin de l'Ahnet, il y absence de tout matériel nécessaire pour procéder la fracturation hydraulique», assure Dr Azzi. Ce dernier croit savoir que le fait de surseoir (momentanément ?) au projet d'exploration du gaz de schiste relève, selon lui, de la considération accordée par les autorités au dernier moratoire adressé par le collectif d'In Salah aux différentes institutions de l'Etat.